Menant une carrière en forme de montagnes russes depuis le succès de "O'brother" (pour un "No country for old men", combien de "Ladykillers" ou de "Intolérable cruauté" ?), les frangins Coen reviennent à un cinéma plus modeste, moins conscient de ses effets, livrant ce qui s'avère peut-être leur oeuvre la plus attachante, la plus humaine.

S'inspirant du parcours de plusieurs artistes, "Inside Llewyn Davis" revient aux sources mêmes de la musique folk, à travers les déboires d'un personnage fictif multipliant les galères, une sorte d'anti-héros tour à tour crispant ou touchant, parfaite incarnation du beautiful loser dans toute sa splendeur, un égoïste qui s'ignore détruisant tout ce qu'il touche, y compris lui-même.

Malgré les apparences, "Inside Llewyn Davis" appartient bien à l'univers des frères Coen, qu'il s'agisse de son humour décalé et pince-sans-rire, de son amour évident pour la musique ou encore pour les personnages hauts en couleur qui parsèment le voyage du héros. Il représenterait même une synthèse apaisée de leur cinéma, incluant une grande partie de leurs obsessions mais le tout enveloppé d'une force tranquille étonnante, bien loin de leur folie furieuse coutumière.

D'une beauté formelle indéniable grâce à la photographie délicate et vaporeuse du français Bruno Delbonnel, "Inside Llewyn Davis" est bien la preuve que les Coen peuvent encore surprendre, un bel hommage à la musique et à ceux qui la font, portée par une superbe bande originale supervisée par TBone Burnett et par un casting impeccable mené par le trop rare Oscar Isaac.
Gand-Alf
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le 7 août 2014

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