Les vieilles folk songs qu'on entend dans Inside Llewyn Davis font entendre la vieille chanson des Coen sur les loosers : on en revient toujours avec eux aux bas-côtés de l'histoire américaine, à l'envers du décor, représenté par cette ruelle sombre où Llewyn reçoit des coups. Mais résonne ici une note nouvelle, triste, qu'on entend nettement dans cette scène où la petite amie de Llewyn (Carrey Mulligan) se joint à un duo de musiciens pour chanter Five hundred miles: le public reprend déjà les paroles, un tube est en train de naître mais Llewyn Davis ne l'a pas écrit. A quoi tient la réussite d'une carrière, se demandent les Coen? Pourquoi Bob Dylan, dont on entend à la fin Blowin' in the Wind, s'est-il fait connaître alors que Llewyn est resté dans l'ombre? Peut-être parce qu'il a su faire du nouveau avec de l'ancien. Voilà la question qui se pose aujourd'hui aux Coen: quel frisson nouveau faut-il introduire dans leur petite musique? Le film semble prendre acte de leur incapacité à être aujourd'hui dans le présent du cinéma, c'est-à-dire dans le numérique, la 3D, le spectacle "en apesanteur". Et il est, comme la musique de Llewyn, magnifiquement suranné.
chester_d
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le 2 nov. 2013

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