Le dernier opus des frères Coen a tout pour plaire. Et ceux qui n’aiment pas particulièrement la Folk (comme moi), peuvent être assurés, ça va beaucoup plus loin qu’un hommage à un courant musical. C’est l’histoire d’un beautiful loser magnifique, qui a un parcours semé d’embuches comme tout bon loser qui se respecte. L’histoire est simple, l’humour est acide, l’originalité est rafraîchissante. Ils ont le talent pour souffler à la fois le chaud et le froid, les deux frères. Et Je constate avec bonheur qu’ils ont mis aux vestiaires la toute puissance habituelle de la mise en scène. C’est une bonne idée, car sur les films précédents, c’était sans objet autre que la maîtrise autoproclamée, et c’était de moins en moins intéressant. Enfin on retrouve des personnages attachants, qui donnent envie de s’intéresser à leur sort. Enfin on retrouve des « gueules » qui accrochent, et qui veulent dire quelque chose, la reconstitution, sublimation d’une époque révolue recréée et repensée selon l’esthétique Coen. Il y a de l’invention formelle, et quelques idées qui sortent de l’ordinaire (celle du chat qui apporte la seule touche de couleur chaude du film est carrément top !). On aboutit à une œuvre qui plaira aux fans, il y a une vraie signature ; ce design graphique, ces couleurs dans les tons goudrons, curieux, l’atmosphère entre rêve et réalité. Ce personnage principal comme poursuivit par une malédiction, est un juif errant qui s’ignore, embarqué dans une Odyssée du pauvre, accompagné par quelques balades minimalistes grattées sur une guitare acoustique. Par moments c’est un road-movie, (le passage avec John Goodman est un fantastique court métrage à lui tout seul), à d’autres moments on voit une comédie, un film « noir », une parodie de biopic, qui frise avec le surréel (encore le chat, toujours là quand on s’y attend pas, c’est surement un esprit déguisé, pas un chat). Et un retour à la réalité brutal au sens propre comme au sens figuré. A voir sans crainte, plaisir assuré.
Angie_Eklespri
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2013

Créée

le 1 sept. 2014

Critique lue 248 fois

Angie_Eklespri

Écrit par

Critique lue 248 fois

D'autres avis sur Inside Llewyn Davis

Inside Llewyn Davis
Sergent_Pepper
8

That’s all folk.

« Pendez-moi, j’ai défié le monde… » chante Llewyn dans la chanson qui ouvre le film. Tout est là, comme souvent chez les frères Coen, pour irrémédiablement condamner le protagoniste. Parasite,...

le 15 avr. 2014

141 j'aime

6

Inside Llewyn Davis
Socinien
7

Notes à benêt

Prix Spécial du Jury au Festival de Cannes session 2013, Inside Llewyn Davis est en effet un très bon cru des frères Coen qui se déguste avec délectation : un film ironique, pluvieux et hivernal, ce...

le 26 mai 2013

79 j'aime

18

Inside Llewyn Davis
Grard-Rocher
8

Critique de Inside Llewyn Davis par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Nous sommes en 1961 en compagnie de Llewyn Davis que nous suivons dans cette histoire. Ce jeune homme est ce que l'on peut appeler un raté, vivant comme il peut dans Greenwich Village au gré de...

70 j'aime

15

Du même critique

Fargo
Angie_Eklespri
4

On peut aimer Fargo, le film. On peut ne pas aimer Fargo, la série

   Un peu lourd…pas très subtil. Faire d’un film culte, une série, c’est pas facile. C’est même risqué. Ça peut devenir vite casse gueule. La série elle-même, est produite par les...

le 11 nov. 2015

22 j'aime

31

Ella and Louis
Angie_Eklespri
10

Ella et Louis

Si vous voulez le disque suprême à écouter à deux, ne cherchez pas plus loin. A deux ou tout seul, ça marche aussi, ça fait voyager. Rien que des ballades, de qualité supérieure, vocalement on a des...

le 23 déc. 2014

21 j'aime

1

Caligula
Angie_Eklespri
8

Caligula et Drusilla font un porno

J’en suis encore à me frotter les yeux, en me demandant comment un truc pareil à pu passer toutes les barrières de la censure. Ce film à les qualités de ses défauts, ce qui est assez rare, force est...

le 27 sept. 2014

16 j'aime