Une famille emménage dans leur nouvelle maison, une somptueuse demeure. Renai, l’épouse, constate rapidement des phénomènes étranges, mais son mari semble sceptique. Dalton, leur fils aîné, tombe d’une échelle dans le grenier et, le lendemain, ne se réveille plus. Les médecins diagnostiquent alors un étrange coma qu'ils ne savent pas soigner. Les phénomènes inexpliqués s’aggravent au point que Renai exige de déménager à nouveau. Mais, dans leur nouvelle maison, les phénomènes persistent. Le problème ne semble pas venir de la demeure, mais de Dalton lui-même…
James Wan est un réalisateur amateur d’horreur gore et père du célèbre (et répugnant) Saw. Avec son scénariste Leigh Whannell qui a travaillé sur presque tous ses films, il s’attaque au surnaturel.
Bon, ce qu’aime James Wan, c’est la tripe et le sadisme. Il aime filmer les gens horrifiés qui hurlent de douleur en s’approchant de la folie. Ici, malgré ses efforts, le résultat est décevant. Toute la réalisation semble outrée et rappelle les films des années soixante-dix (notamment Suspiria) avec des filtres de couleur un peu trop franche. C’est baroque, la musique abuse des violons hystériques et les protagonistes sont continuellement sur les nerfs. Par ailleurs, les personnages Steven Specs et Tucker sont catastrophiques, car ils apportent un humour très mal venu dans une ambiance horrifique, et c’est une faute à mon sens.
Par ailleurs, l’approche du démon est trop classique. Son look autant que son environnement semblent tout droit sortir de Legend. Il aurait été préférable d’apporter un poil d’originalité aux pieds en sabot et à la tronche bariolée. Dans le genre, le Babadook avait été efficacement modernisé même si ce n’était pas un démon à proprement parler.
Les acteurs sont pourtant bons. Patrick Wilson et Rose Byrne campent un couple caricatural avec un naturel spectaculaire. L’épouse gère la maison ainsi que les enfants tandis que le mari bosse en se foutant du reste. Barbara Hershey joue une mère un peu trop zen face au drame que vit son fils, mais néanmoins crédible. Enfin, Lin Shaye est franchement à l’aise dans son rôle de médium.
Dans ce type d’œuvre, le scénario est toujours un peu agaçant, bien qu’il fasse illusion plus longtemps que ceux du genre. Les personnages ne sont que du bétail destinés à être sacrifiés à un grand méchant quelconque, à l’instar de La dame en noir et autre Oculus. C’est d’autant plus pénible que les protagonistes sont invariablement impuissants face au surnaturel, comme une blonde dans un slasher. Personnellement, je trouve ça ennuyeux, car la chute ne surprend absolument pas.
Insidious porte mal son nom. C’est un film d’horreur bourrin qui entre directement dans le vif du sujet et dévoile assez rapidement son intrigue. De plus, le démon ne corrompt pas insidieusement sa victime, mais débarque au contraire frontalement avec force apparitions, poltergeists et autres terreurs. Si la première moitié du film est effrayante, la suite tombe dans un genre de Ghostbusters au rabais avec un masque à gaz en guise d’écouteur. C’est très maladroit. Il aurait été plus subtil de montrer la lente modification du caractère d’un personnage et de l’ambiance d’une maison, mais cela aurait fait moins de jump scare.
Insidious n’en reste pas moins intéressant et aborde le sujet peu connu de la projection astrale, mais ne sert au final que de défouloir à son réalisateur. C’est dommage, il y avait matière à en faire quelque chose.