Ouais, j'aime bien les titres à sensation. Le poids des mots, le choc des photos, tout ça... Ca me fascine.
Au vu de la note, vous vous dîtes qu'au moins une des victimes est connue, qu'il s'agit du film d'horreur américain. Mais cette victime là, ça devient banal, vous savez. Comme les petites vieilles qui se font agresser en sortant de la banque pour se faire piquer leur sac à main contenant leur maigre retraite en billets de cinquante. C'est plus assez vendeur, ce genre d'agressions. Cela ne défraie plus la chronique tellement c'est passé dans les moeurs et que personne ne trouve plus rien à redire, ou que les gens détournent le regard.
Insidious : Chapitre 3 ne fera donc pas la une du Nouveau Détective parce qu'il maltraite le genre et, chose plus grave, la franchise dont il est la préquelle. C'est très lent. Certaines de ses scènes dérapent sans prévenir dans le fossé de l'embarrassant comique involontaire. Au point qu'un énième Scary Movie paresseux pourrait les reprendre sans grand changement, tellement ces moments portent en eux les germes de la dérision incomprise par ses auteurs. On est quand même à deux doigts de voir Mémé mettre un coup de boule à un ectoplasme porteur d'un masque à oxygène.
Allez, je concèderai UN moment où la trouille est efficace et prend réellement par surprise, mais c'est très maigre. D'autant plus que le film démolit la mythologie des deux premiers opus qui fonctionnaient très bien tel quel et ne nécessitaient aucune explication. Surtout pour en apporter de si nazes au spectateur en quête de sensations. Au point de faire une pause spéciale dédicace "Feux de l'Amour" dans une chasse au fantôme sournois pour expliquer le passé de Lin Shaye... Quant à la fin, elle lorgne vers un épilogue à la Ghost Whisperer, la lumière en moins. Si seulement la jolie Jennifer Love-Hewitt venait faire un petit coucou...
Non, une des victimes de mon titre, c'est d'abord une jeune fille, les deux jambes dans le plâtre, en fauteuil roulant. Qu'on maltraite et qu'on précipite par terre sans ménagement. On lui pique aussi son fauteuil ou, au choix, on lui flanque la frousse de sa vie en jouant un remake d'Intouchables, où un fantôme facétieux se prend pour un evil Omar Sy... Manquerait plus qu'il lui crève les pneus, ce salaud. Etonnant que l'Association des Paralysés de France ne soit pas déjà dans la rue pour manifester son indignation au cri de "Si tu me mets par terre, prends ma maladie des os de verre !"
Mais la seconde victime est, à mon sens, la plus à plaindre. C'est celle qui doit repasser après les singeries de l'esprit frappeur. En effet, comme des sales moutards qui rentreraient à la maison les bottes pleines de boue et feraient trois fois le tour du salon, celui-ci laisse derrière lui les traces de ses pieds nus qu'il a au préalable trempés dans une sorte de pétrole ectoplasmique gras qui colle aux doigts. Le salaud en met même sur les murs et les poignées de porte, avec à l'évidence un plaisir sadique. Celui d'imaginer la pauvre ménagère phosphorer pour trouver le bon produit pour ravoir cette saleté sans pour autant ruiner son parquet brillant ou son carrelage rutilant. Parce que c'est rigolo, une ménagère, quand c'est énervé. Ca gueule et ça se se demande qu'est ce qu'elle a fait au bon Dieu pour mériter de frotter à s'en démettre l'épaule. Mais vous savez le plus poilant ? C'est de venir re-dégoutanter le parquet qu'elle vient à peine de finir de laver.
Si même l'au-delà n'a plus de respect...
Behind_the_Mask, qui court après les fantômes pour leur coller une bonne fessée.