Auréolé du succès de son "Memento", Christopher Nolan se vit offrir la réalisation de cet "Insomnia", remake d'un intéressant polar norvégien signé Erik Skjoldbjaerg. Racontant grosso merdo la même histoire que l'original, le film de Nolan y apporte une éfficacité toute américaine, tirant parfaitement parti de la topographie des lieux (ici l'Alaska même si le film a été tourné en grande partie à Vancouver), la spécificité de l'environnement (une absence d'obscurité) épousant à la perfection des thèmes chèrs au cinéaste comme les faux-semblants ou les apparences (et y a-t-il meilleur vecteur d'illusion que le manque de sommeil ?), "Insomnia" annoncant également la future trilogie du Cape Crusader par le biais d'une réflexion sur la justice et ses rouages. Si cette commande n'est pas le film le plus personnel ni le plus abouti de Christopher Nolan, elle reste importante et surtout cohérente dans la carrière d'un metteur en scène passionnant jusque dans ses défauts, servie par une ambiance presque hypnotique et par un duel psychologique intriguant entre un Al Pacino impeccable et un Robin Williams inquiétant, à cent lieux de ses rôles habituels.