« Insoumis » est un film cru, qui provoque le malaise, tout autant que la réflexion. Jean Corbo, cet adolescent de 16 ans, idéaliste et réfractaire à son milieu social, sera séduit par l’action radicale et les discours du FLQ (Front de Libération du Québec) au point de s’y investir et d’y sacrifier tragiquement sa jeune existence. C’est cet épisode douloureux de l’histoire du Canada que Mathieu Denis nous fait revivre.
Dès les premiers instants, l’empathie pour Jean est probante. Certes, sa détermination froide, sa fougue et cet engagement surprennent, mais n’est-ce pas l’apanage d’une certaine jeunesse militante extrémiste d’alors (nous sommes dans les années 60) ?
C’est bien sur ce point que se focalise Mathieu Denis en s’attachant à la mécanique d’un engagement extrême, où la violence devient l’ultime moyen d’expression des opprimés. Et à travers l’étude du cas Jean Corbo, il pousse à la réflexion de manière plus élargie sur les motivations qui conduisent ces presque enfants à mourir pour une cause (l’actualité est brulante de ce genre de drames). A ce niveau là, le film atteint son objectif. On condamne Jean Corbo, non pas pour ses idées mais pour les actions auxquelles il participe pour les imposer. Corrélativement, on ne l’accable pas, tant ses convictions semblent être candides, et son destin terriblement profilé à une mort précoce.
La mise en scène, très loachienne, est raffinée quoique un peu planplan et repose sur un travail de recherche historique pointu. Et Mathieu Denis dispose d’un atout remarquable en la personne du jeune acteur Anthony Therrien, saisissant de justesse dans le rôle de Jean Corbo