Interceptor
3.7
Interceptor

Film de Matthew Reilly (2022)

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Vous n’avez pas, monsieur Seagal, le monopole des couilles

Des choses gentilles à dire sur ce film :

Les années 1990... ce temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Matthew Reilly, lui, semble les avoir bien connues et surtout ne pas les avoir oubliées. En écrivant et en réalisant Interceptor, sorti en 2022, il montre en tout cas qu’il en a assimilé l’essence jusqu’au ridicule. Faire un DTV d’action des années 1990 en 2022 est-il pertinent ? Pas vraiment. Faut-il pour autant faire l’impasse sur Interceptor ? Certainement pas.

L’ouverture où se mêlent reliquats de guerre froide et fantasme de terrorisme intéressé met dans le bain. C’est couillon, mal filmé et malgré tout réjouissant. On nous rappelle que le territoire nord-américain est quand-même sacrément à portée des missiles nucléaires russes... et que deux bases anti-missiles sont les remparts du monde libre. Mais que ce passerait-il si les Russes se faisaient voler leur arsenal comme des brêles par des terroristes qui prendraient du même coup les commandes des sites antimissiles ? Que se passerait-il si les terroristes tombaient sur le gars qu’il faut pas ? Et que se passerait-il si ce gars était une meuf (en l’occurrence Elsa Pataky dans le rôle de Cap’n J. J. Collins) ? Parce que ouais 2022 toussa toussa.

Et c’est parti pour 90 minutes de Piège en haute-mer complètement raté mais ô combien réjouissant. Réjouissant parce que c’est vraiment bas du front et que malgré une réalisation parfois aux fraises, ça reste rythmé. Tous les ingrédients sont là, le côté seule (ou presque) contre tous, le méchant calme et séduisant qui dessine des smileys pas contents dans les traces de sang qui dégoulinent sur les vitres, les phrases choc, l’exaltation du soldat entre héroïsme et abnégation...

Réjouissant aussi parce que Interceptor met en scène une héroïne placardisée pour avoir balancé un supérieur aux mains baladeuses, et que du coup, ça dénonce, ça dénonce. Le point de départ est, à défaut d’être original, intéressant, sauf que ces éléments sont apportés avec l’intensité dramatique, là-encore, d’un téléfilm des années 1990. Ceux qui étaient diffusés en début d’aprem’ sur M6. Les flashes, les petits effets de distorsion, les ralentis, une tentative de suicide symbolisée à coups de tubes de médocs posés élégamment sur le côté de la baignoire... toute la panoplie est là et histoire de piétiner les morceaux de retenue, de subtilité et de crédibilité qui auraient pu subsister, Elsa Pataky donne tout ce qu’elle a, y compris lorsqu’il s’agit simplement de regarder avec tendresse le petit mot réconfortant écrit par papa... duquel elle tient du reste sa force, répétant ses paroles comme un mantra « N’abandonne pas », « N’abandonne pas » « N’abandonne pas » qui reviennent comme un leitmotiv presque à chaque fois que J. J. a une épreuve à surmonter.

La rencontre entre l’action qui tabasse et le féminisme de comptoir en guise de background est cristallisée dans une scène où, ligotée face à un ancien collègue nécessairement misogyne (Aaron Glenane), J. J. Collins se fend de cette magnifique tirade : « Hey. Another thing. Never call a woman by anything other than her name. Not honey, or honey pie, or sugar, or sugar pie, or sweetie, or sweetie pie. Not baby, sweetheart, ho, bitch, and above all, most of all, beyond all else, don’t ever, ever, call her darlin’ » avant de lui envoyer un coup de boule. Y a pas : les phrases burnées et les répliques choc, même au féminin, ça reste con.

Et entre une tentative de meurtre à la colle à prise instantanée et une décapitation, Matthew Reilly donne dans l’habillage classique des séquences émotions débiles où on suit les réactions des populations à l’ultimatum lancé en ligne par Alexander (Luke Bracey) dont un plan particulièrement tarte qui montre en gros plan deux mains tenir côte à côte chacune un téléphone diffusant le même message, aux échanges avec les huiles gouvernementales de rigueur et un analyste qui sort des pourcentages de réussite de plan à la manière d’un C3PO sous tranxène.

Bon, dans le genre on préférera quand-même les poids lourds que sont Air force one et Piège en haute mer qui ont nécessairement servi de modèle à Matthew Reilly, ils ont plus de maîtrise, plus de moyens, plus de rythme, plus de tout, mais malgré tout Interceptor est un petit plaisir premier degré très rigolo qui glisse tout seul.

À noter que le mari de Elsa Pataky, Chris Hemsworth, producteur du film, y joue également. Clin d’œil qui tache oblige, il incarne un habitant d’une des villes menacées de destruction qui a refusé de céder à la panique pour mieux suivre les aventures de J. J. diffusées à l’écran, encouragements trumanshowesques en prime. Si les protagonistes y voient certainement une preuve d’amour et de soutien mutuel... de l’extérieur, c’est toujours une mécanique un peu désagréable.

Et pour le féminisme on repassera.


Je veux jouer au bingo des clichés avec ce film

Le lien pour jouer, c'est là : https://www.incredulosvultus.top/interceptor-1089

Ou sinon, je regarde juste les 54 ingrédients du bingo de ce film parce que c'est trop cool


Personnage > Agissement

Automédication > Arrête une hémorragie avec du Chatterton – Bagarre > Valdingue à travers une vitre, une palissade, une porte... – Bagarre > Coup dans les couilles (ouch !) – Chute dans le vide en criant « Aaaaaah ! » – Se regarde dans un miroir > Introspection, reprise en main (films à corriger) – Stylé > Balance une petite phrase avant de tuer une personne (ou après)

Personnage > Caractéristique

Tension > Hanté·e par des souvenirs traumatisants – Traître·sse (coup de théâtre)

Personnage > Citation

Commente > « Ça, c’était pour XXXX ! » – Demande > « Dis à [...] que je l’aime » – Exprime du soulagement > « Hourra ! » de quartier général – Insulte > « Vous me faites vomir ! » – Menace > « T’es mort·e... ! »

Personnage > Héros ou héroïne

Droiture > Refuse la proposition d’un·e méchant·e – Fibre héroïque > Discours qui redonne le courage dans un moment désespéré – Tension > Donne une leçon de courage face à son bourreau – Tension > Son fils, sa fille, sa femme, un·e proche est en danger, entre les mains des méchant·es

Personnage > Interprétation

Interprétation > Rit de manière forcée

Réalisation

Grammaire > Ralenti lors d’une chute ou d’un saut dans le vide – Grammaire > Visions : flashs répétés – Habillage > Incrustation de texte sur l’écran : lieu, date, heure, etc. – Ouverture > Présentation écrite de l’univers, de la situation, du personnage, du contexte voire définition – Ralenti > Personnage qui saute une longue distance, un précipice, entre 2 immeubles, etc.. – Souvenirs > Introduits avec un flash (et un effet sonore) – Tension > Suspendu·es à la télé/radio dans l’attente de nouvelles

Réalisation > Accessoire et compagnie

Arme > Clic au lieu du Bang – Bidons/bombonnes qui explosent quand on leur tire dessus – Intelligence artificielle de vaisseau/interface/voix de haut-parleur : commente tout/repète les consignes/diffuse un message informatif – Mort hors-champ > Gerbe de sang qui éclabousse un mur, une vitre... – Pouet-pouet > Effet pyrotechnique hasardeux – Tension > Compte à rebours – Tension > Jet de vapeur projetée par un tuyau qui fuit

Réalisation > Audio

Ambiance sonore > Alarme stridente de vaisseau spatial/laboratoire/base secrète – Bruit exagéré > Bruit métallique injustifié – Bruit exagéré > Coups donnés lors d’un combat au corps-à-corps – Bruitage informatique qui pioupioute accompagnant l’incrustation d’un lieu ou d’une date – Effet > Lasers qui font « piou-piou », touches d’ordinateurs qui font « pi-pou-pou » etc.

Réalisation > Surprise !

Bagarre > Coup de feu qui fait craindre le pire pour l’héroïne ou le héros... jusqu’à ce que la/le méchant·e s’écroule ! – Faux suspense ! – Tension > Menace qui apparaît dans le dos d’un personnage

Scénario > Contexte spatio-temporel

Cliché touristique

Scénario > Dialogue

Philosophie ou psychologie de comptoir – Phrase-choc

Scénario > Élément

Interruption pirate des programmes – Titre du film énoncé dans le film

Scénario > Ficelle scénaristique

Retour d’un personnage qu’on croyait mort – Se défait de ses liens en se déboîtant le pouce ou la clavicule

Scénario > Situation

Bagarre > Seule une nana peut foutre une branlée à une nana – Enjeu > Empêcher une tuerie de masse (plus ou moins) – Tension > Suspendu·e dans le vide – Tension > Torture

Thème > GI Joe

Accessoire > Menaces qui bipent sur un écran radar – Agissement > Salut militaire

Thème > Testostérone

Référence à la taille d’une bite pour (s’auto)complimenter ou insulter

---

Barème de notation :

  • 1. À gerber
  • 2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
  • 3. On s'est fait grave chier
  • 4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
  • 5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
  • 6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
  • 7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
  • 8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
  • 9. Gros gros plaisir de ciné
  • 10. Je ne m'en lasserais jamais

Créée

le 18 avr. 2024

Critique lue 18 fois

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