Une proposition très belle et originale qui retrace avec émotion et fluidité un pan plutôt méconnu de la Grande Histoire transalpine. Elle le fait par le prisme d'une universalité familiale la plus à même de toucher une très large audience, et sans pour autant jamais céder aux facilités inhérentes de l'animation grand public.
C'est d'autant plus exemplaire que le film alterne des plans animés artisanalement avec des matières organiques, en insérant des prises de vues réelles de la main et du corps du cinéaste narrant son héritage franco italien à travers la logorrhée de son aïeule. On y apprend ainsi la tragédie que fut pour nombre de ressortissants piémontais la migration économique jusqu'en terre hexagonale, et la souffrance d'un déracinement accentué par l'accueil exécrable que leurs reserverent le pays des Lumières.
L'émotion se fait crescendo à mesure que l'on revisite les grandes étapes de l'historique péninsulaire, jusqu'à son point d"incandescence qu'est l'installation au sommet du nouvel état du fascinant tout autant que fascisant Duce. Celle-ci était inévitablement annoncée par les guerres de conquête du territoire Éthiopien des décennies auparavant et par sa brutale intrusion dans les Grandes Guerres du siècle naissant.
Au delà de ces faits marquants et du spiritisme catholique traditionnel qui faconne une société de plus en plus répressive, ce qui rend définitivement passionnant le postulat du scénario est qu'il s'enracine dans un conte enfantin qui transcende la réalité mortifere pour la retranscrire sous la forme d'une parenthèse tragi comique. Sans doute la volonté de transmission aux jeunes générations d'une matière à priori théorique en objet créatif bien vivant pour les avertir que le passé n'est jamais totalement révolu lorsqu'il s'agit de construire un présent ainsi qu'un futur plus harmonieux. Très beau geste de la part de monsieur Ugettho à qui l'on ne peut souhaiter que du succès!