Discovery
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Long-métrage d'animation de Kazuhisa Takenouchi, Hirotoshi Rissen et Daisuke Nishio (2003)
Dès les premières minutes d'une animation familière, la magie opère, et nous voilà revenus instantanément trente années en arrière. Nous voilà revenus au temps où Leiji berçait notre enfance de ses personnages iconiques et du regard absent et mélancolique de ses figures féminines. C'était le temps où nous étions éblouis par les vaisseaux spatiaux, les héros et leurs aventures, ou encore les dessins animés qu'ils rythmaient.
Interstella 5555 respire le doux parfum de l'enfance. Il nous l'offre dans un écrin inespéré, en forme d'objet délicieusement autre au carrefour d'une musique et d'un album qui prend tout son sens, de l'image et du langage , dans un mariage d'une étonnante justesse.
Son aspect rétro est constant. Dans son animation tout d'abord, parfois minimaliste mais toujours chatoyante, chamarrée et au design immédiatement reconnaissable. Dans ses rythmes et ses ambiances balançant entre electro, house, rock et disco, dans ses illustrations entre 70's fluo et facettées et la science fiction tendance années 80.
Loin du clip longuet ou de l'enfilade de saynètes sans véritables fil rouge, le film s'impose comme une véritable oeuvre de cinéma, offrant plusieurs couches d'appréhension. L'aspect science fiction / space fantasy est le plus évident, quand les portails s'ouvrent sur d'autres mondes et que les vaisseaux qui traversent l'espace adoptent la forme de guitare. Quand l'action s'agite, que le sauvetage s'opère et que le grand méchant est défait dans une ambiance gothique rappelant Castlevania.
La SF se mêle à une satire du star system et de l'industrie musicale, qui préfabrique ses idoles formatées, les caste et les réduit à un archétype. Qui exploite, qui assèche, emprisonne et déshumanise aussi, jusqu'à ce qu'elle trouve la prochaine poule aux oeufs d'or.
Sous cette surface qui tombe sous le sens, Interstella 5555 offre aussi, à qui y sera un peu sensible, une mélancolie et un onirisme tenace, d'une beauté éclatante tenant dans la relation et les sentiments animant un couple impossible. Lui, le fan qui tapisse de posters de son idole les parois de son vaisseau, analogue à une chambre d'ado. Elle, la bassiste lointaine, détachée, absente, comme vide. Les quelques séquences qu'ils partageront représentent le coeur sensible du film , culminant dans un Something About Us attendrissant, déjà l'un des sommets de Discovery, avec les notes étrangement solennelles de Veridis Quo.
Et ce, jusqu'à cette séquence finale, donnant les clés de l'oeuvre tout en expliquant la simplicité de la narration que retiendront certains cacochymes bougons comme mauvais point. En forme de note d'intention du duo casqué, elle impose Interstella 5555 comme un véritable rêve de gosse devenu réalité, avec tout ce que cela comporte de tendresse immédiate, d'attachement et de bienveillance.
Dans une simplicité gracieuse et enfantine qui n'est pas sans rappeler La Guerre des Etoiles, ce Daft Punk movie s'impose comme une totale réussite oscillant entre la déflagration stellaire et le chatoiement terrien.
Et alors qu'il s'endort et que le quarante-cinq tours s'immobilise lentement sur sa platine dans un bruit caractéristique, on jette sur ce gamin que l'on borde un regard tendre et complice, rempli d'amour, comme sur Interstella 5555. Le bleu a, pour une fois, tout d'une couleur chaude.
Behind _the_Mask, blue star.
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le 23 sept. 2018
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