Sous couvert d’un film de SF classieux, Nolan nous offre un film de réflexion sur l’avenir de notre monde.
Il met en avant la nature destructrice de l’homme qui va au-devant de sa perte tout en voyant en lui sa propre solution de survie.
Cooper (Matthew McConaughey, excellent, comme d’hab), ancien pilote d’essai de la NASA, a été obligé de se reconvertir dans l’agriculture pour subvenir au besoin de son fils Tom et de sa fille Murphy, leur mère étant décédée.
Murphy a plus l’esprit scientifique de son père, alors que Tom ne voit pas d’inconvénient à être agriculteur.
Murphy trouve d’ailleurs des signes de présence extra-terrestre qui communiquent avec elle dans sa chambre. Et ces signes lui donnent les coordonnées d’une agence de la NASA cachée dans les montagnes. Cette agence travaille à la recherche d’une solution de repli pour les humains, ceux-ci voyant leur race en voie d’extinction.
Nolan est un maître de l’image. Et on en a des magnifiques. Tout le passage sur la planète de Mann est un des moments les plus somptueux de sa filmographie.
On ne peut évidemment pas ne pas penser à 2001, ODYSSÉE DE L’ESPACE (ce qui est d’autant plus logique vu la filiation évidente entre Nolan et Kubrick). Le côté très ésotérique est un peu moins prégnant que dans le monument science-fictionnel, le côté action plus mis en avant, car il est plus à l’aise que Kubrick en ce sens.
Les acteurs sont habités par les rôles dans lesquels ils se sont glissés de manière très naturelle. Anne Hattaway est une nouvelle fois parfaite dans un rôle complètement à l’opposé de la Catwoman des Batman nolaniens, donnant de la dureté à sa fragilité apparente, du romantisme à un personnage plus rationnel que héroïque.
Portant l’histoire en direction de plusieurs aspects de la SF traditionnelles (space opera, conquête spatiale, voyage dans le temps, découverte de nouveaux mondes, anticipation, destruction écologique), le scénario risque de perdre en court de route ceux qui sont hermétiques au mélange des genres. Mais le montage tout en finesse de Lee Smith est une vraie plus-value dans l’histoire, et ne pourra qu’apporter une émotion même chez les plus réfractaires, jouant intelligemment avec les règles de linéarité.
Comme souvent avec Nolan, certains trouveront qu’il se regarde filmer. Mais on ne peut pas ne pas reconnaître un sens de l’image et de l’épique certains. Une vraie féerie picturale qui fera néanmoins réfléchir à nos comportements du quotidien.

lolodu87
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le 29 juin 2020

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