Interstellar par Jonathan TJo
Interstellar, depuis longtemps annoncé, se faisait attendre en ne dévoilant que très peu de son intrigue ou de ce qu'il aurait pu prétendre montrer. A partir des propos mêmes du réalisateur, il était déjà comparé à la figure de proue du genre : le fameux 2001, Odyssée de l'espace.
Je fais partie de ceux qui attendaient non pas pour la comparaison au film de Kubrick ni au plus récent Gravity, mais pour le réalisateur lui-même. Christopher Nolan fait un cinéma qui me transcende, je suis très sensible à sa façon d'écrire et de réaliser, une patte que je ne trouve nulle part ailleurs. Prenez donc en considération que cette critique que vous allez lire est bien celle d'un véritable fan du réalisateur british.
Le sujet du film me surprenait déjà à la seule lecture du titre. Nolan est connu pour bouder les effets à l'ordinateur, se voulant jouer d'avantage avec la caméra et ce qu'il y a devant plutôt qu'en trafiquant le résultat. L'une des raisons sans doute qui l'aura vu délaisser la réalisation de MAn of Steel à un certain Snyder. Mais si la perspective de réaliser un film sur un personnage connu pour être surhumain et surpuissant ne l'enchantait pas, comment s'en tirerait-il pour un film dans l'espace ?
Nolan ne peut éviter l'infographie bien sûr, mais il se concentre avant tout, et comme das la plupart de ses ouvres, sur l'humain. Par exemple le décollage du vaisseau ne se fait ainsi pas dans le feu et la poussière, il se fait dans le cockpit et nous rapproche des sentiments de ses occupants.
Nolan n'écrit ainsi pas une histoire sur l'espace en soi, même si on en entend les théorie et en observe les étoiles. Nolan écrit avant tout une histoire sur l'humain, sur l'instinct de survie et l'amour.
Le personnage principal donne ainsi du relief à une histoire de sauvetage à échelle planétaire, en concentrant le regard non pas sur la planète et l'espèce humaine mais sur sa famille. Un élément qui aurait pu tomber dans un pathos facile comme dans des films à la Armageddon, mas qui m'a semblé dosé de main de maître ici pour en faire transparaître une émotion palpable dans les relations mises en place. Matthew McConaughey joue ici son rôle à la perfection, entre pilote scientifique et père de famille séparé des siens.
Je dirai même peut-être que les autres acteurs ont du mal à prendre de la place tant l'essentiel de ce que veut nous dire Nolan passe par le même personnage, sans que cela n'en devienne gênant pour autant mais juste dommage au vue d'un casting qui réunit aussi A.Hataway et M.Caine.
Avec le recul, et quand on connaît la façon de faire du réalisateur, certains rebondissements se laissaient deviner. Mais durant le film Nolan nous embarque avec lui en nous livrant quelque chose d'un spectacle gargantuesque, nous faisant profiter à fond de sa narration pour qui - comme moi - sera sensible à son art.
Hans Zimmer lui rend d'ailleurs son brio en concoctant une musique assez minimaliste finalement mais aussi étonnante de puissance et qui transporte littéralement les temps forts du film.
Je suis également assez friand du travail du compositeur, mais je dois dire que depuis quelques années il me paraissait avoir tendance à stagner quelque peu. Son travail sur Man of Steel m'aura même particulièrement déplu. Ici il m'a à nouveau transporté, et ça fait du bien.
La musique est toujours un élément important de l'oeuvre Nolanesque, travaillant essentiellement avec celui dont il a pris l'habitude : le compositeur Hans Zimmer. Ici il joue encore de la musique et de l'image, n'hésitant pas tantôt à couper le son pour nous faire plonger dans le vide sidéral tantôt à donner une musique au rythme frénétique pour porter la tension. Il y a pour moi une émotion fantastique dans ce film.
Du grand spectacle, donc, que je trouve parfaitement maîtrisé comme souvent chez ce réalisateur dont j'admire l'intelligence et absolument pas sans fond à mon sens, même si certains semblent voir souvent chez lui de la poudre aux yeux plus qu'autre chose.
Cela dépend assurément de nos sensibilités propres, et je ne le répèterai plus qu'une fois je suis particulièrement sensible et friand au travail de Christopher Nolan.