1/ les thématiques abordées
les 2 films exploitent les mêmes thématiques : le voyage dans l'espace, le devenir de l'humanité, la place de l'intelligence artificielle par rapport à l'Homme, et la rencontre avec une race d'extraterrestres ultra avancée qui est dématérialisée.
2/ une humanité en danger
Dans un futur assez proche, l'humanité est en danger. Ce danger est une extrapolation des problèmes de l'époque à laquelle a été réalisé le film. Dans Interstellar, ce sont les dérives du capitalisme (perturbation du climat) qui entraine l'Humanité à sa perte alors que dans 2010 l'humanité va s'autodétruire dans un contexte de guerre froide qui perdure.
3/ une race extraterrestre bienveillante pour l'Humanité
Dans Interstellar, les extraterrestres placent un trou de ver à proximité de Saturne, pour donner un échappatoire à une Humanité en péril. Dans 2010, les extraterrestres transforment la géante gazeuse Jupiter en un deuxième soleil pour sauver l'Humanité d'une guerre nucléaire apocalyptique.
4/ les mêmes solutions futures pour le voyage spatial humain
- Le problème de la gravité artificielle pour les vols spatiaux habités est réglé par des modules de vie en "mode centrifugeuse" (illustré dans 2001 par le beau danube bleu)
- Le problème des grandes distances (et donc du temps) est réglé dans les 2 cas par l'hypersommeil, concept que l'on retrouve dans de nombreux films comme Alien.
5/ un découpage de film en 4 grandes parties
Dans 2001, on a : l'aube de l'humanité avec les singes, explication du monolithe lunaire, la mission Jupiter puis pour finir "beyond the infinite"
Dans Interstellar, on a : présentation de la petite famille et des problème sur terre, explication de la mission, exploration d'exoplanètes puis trou noir Gargantua.
6/ L'Intelligence artificielle
- Un clin d’œil probable au film de Kubrick à la 43ème minute : L'I.A. TARS plaisante à propos d'un voyant lumineux qui signale son mode humour activé : "ça peut vous aider à regagner le vaisseau si je vous éjecte".
- Dans Interstellar, le niveau de "franchise" de l'I.A. est réglée sur 90% pour pallier aux problèmes d'instabilité émotionnelle de l'Homme. HAL a également une confiance mesurée dans le potentiel humain à assurer le bon déroulement de la mission, de par sa conception.
- Le sacrifice d'une intelligence artificielle pour sauver l'homme est abordé dans Interstellar mais également dans le film 2010, odyssée deux, lorsque le docteur Chandra demande à HAL de se sacrifier.
- Il y a une astuce dans le nom des intelligences artificielles : Si vous avancez d'une lettre dans l'alphabet avec HAL, vous obtenez IBM (la marque d'ordinateur) alors qu'avec TARS, si on décale les lettres d'un cran, on obtient STAR (peut être une référence à l'un des modes de déplacement du robot qui "court en étoile"? (scène de sauvetage sur la planète avec les vagues géantes...)
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7/ la musique
Hans Zimmer utilise le même accord final d'orgue d'église (pleins jeux) que celui utilisé par Richard Strauss (à la toute fin d'Ainsi parlait Zarathustra) et cela à plusieurs reprises : 2min50s, 50min10s et 2h40min.
Cela donne une impression solennelle, quasi religieuse de l'instant.
8/ l'ambiance sonore
On retrouve le silence de l'espace qui rejoint la réalité scientifique du vide. Peu de films SF reprennent finalement ce concept, peu approprié aux blockbusteurs qui aiment bien le bruit et les explosions. Ce silence est particulièrement présent lors des scènes d'amarrage ou de manœuvres dans l'espace. A noter que l'idée de la respiration dans la combinaison de spationaute n'a pas été reprise.
9/ un homme peut réaliser l'impossible
Lorsque Cooper attache manuellement le vaisseau à la station spatiale en rotation (qui vient de subir une explosion), c'est une allégorie de la scène de survie de Dave Bowman qui rejoint le Discovery sans son casque de spationaute : l'homme peut compenser l'hostilité de l'espace grâce à son art de l'improvisation et se sortir ainsi de situations désespérées.
10/ un passage WTF top délire vers la fin du film
Le passage dans le trou noir par Cooper a des airs de "beyond the infinite", la fameuse scène psychédélique pendant laquelle Dave Bowman pénètre dans le monolithe. Dans les deux cas c'est pour moi le moment le plus haletant du film à comparer également avec le film "the black hole" de 1979.
11/ l’être humain transcendé
Dans 2010, Dave Bowman devient un pur esprit dématérialisé qui aide l'humanité au nom des extraterrestres et visite sa famille restée sur terre, comme un fantôme. Cooper devient aussi un "pur esprit" au contact des extraterrestres et va jouer le même rôle.
12/ la durée du film
...est sensiblement la même (2 heure 49min contre 2h41min pour 2001)
Pour conclure, ces emprunts sont pour moi à voir comme un hommage, ou des clins d’œil appuyés plutôt que comme un plagiat éhonté.
Interstellar est au final un "2001 de Kubrick coupé au Gravity blockbusteurisant à la sauce Nolan" avec son lot d'incohérences scientifiques et quelques ficelles scénaristiques dégoulinant de "pathos familial" (surtout au début et à la fin). On passe tout de même un bon moment de divertissement.