Le génie de Christopher Nolan n'est plus à présenter: scénariste, directeur d’acteurs hors pair et excellent conteur, il prouve avec Interstellar qu'Hollywood peut encore offrir des blockbusters visionnaires et ambitieux.
Interstellar se déroule dans un futur proche dans lequel une poussière dévastatrice condamne lentement mais sûrement l’humanité à la famine et à la suffocation. Cooper, ancien pilote, s’est reconverti en agriculteur pour les bienfaits de l’humanité. Veuf, il vit avec son fils Tom, sa fille Murph et leur grand-père. Suite à une série de signaux magnétiques étranges, le chemin de Cooper croise celui des ingénieurs de la NASA, qui préparent une mission d’exploration spatiale à la conquête de nouveaux mondes habitables. Cooper embarque donc pour un voyage à l’issue inconnue en laissant les siens derrière lui, peut-être pour toujours.
Rien qu'avec la sublime bande annonce, on pouvait deviner qu'il y aurait plusieurs films dans ces 2h49: drame familial apocalyptique, film d'explorations intergalactiques, film d'anticipation scientifique avec une réflexion métaphysique sur l’évolution et la perception du temps, mais Nolan parvient à jongler habilement entre ces sphères en prenant le soin de connecter tous ses éléments à une dimension humaine et émotionnelle le tout dans des scènes spatiales ultra-spectaculaires.
Le film prend son temps pour installer les personnages, la ferme familiale ainsi que les explications scientifiques nécessaires pour comprendre la suite du film... et là, le soulagement est à la hauteur : elles sont rythmées, rapides, sans tentative de sur-expliciter le concept fou, Nolan préfère s'attarder sur la séparation entre Cooper et les siens. Ce premier acte de film se termine par l’envol vers les étoiles et cela nous confirme que c’est avant tout l’humain qui intéresse Nolan.
La deuxième réussite du film est bien-sûr le voyage spatial et on peut dire que Nolan ne nous déçoit pas: trois planètes différentes à explorer avec tellement de rebondissements entre chaque voyage, sans oublier les magnifiques images sublimées par la composition magistrale d'Hans Zimmer qui oscille entre discrétion et omniprésence stridente, tout en passant par l’absence, pour mieux nous mettre face, nus, aux émotions humaines (les scènes de grand silence où tout le monde est rivé sur l'écran de cinéma sont d'une intensité rare). Bref, cinématographiquement, c'est parfait: la réalisation de Nolan a encore frappé, il a soigné son ambiance. L’espace n’a jamais été aussi beau, on a le souffle coupé devant ces longs plans séquences spatiaux et même les plans terrestres sont empreints de mélancolie, avec ces champs de maïs quasi-infinis, recouverts de poussière et de nostalgie du temps passé.
Interstellar est une odyssée éprouvante, une épopée réfléchie, lente et dense où le spectateur doit s'investir à chaque seconde sans pour autant voire les 2h49 passer. C'est également une œuvre mystique qui laisse l’imagination du spectateur s’envoler au gré des révélations.
Le film joue avec les dimensions et propose des scènes hallucinantes de beauté, une architecture spatiale bien à lui où la réflexion sur la famille, la perpétuation de l’espèce, sont des thèmes magnifiquement repris par Nolan. Personnellement, le film m'a saisi, touché, transporté et m'a fait vivre une véritable expérience de cinéma. Il marquera sans doute son époque avec ses thèmes abordés, son histoire poignantes, ses images saisissantes et son casting impeccable (Matthew McConaughey, Anne Hathaway, Jessica Chastain et Mackenzie Foy en tête).