C'est l'histoire d'un mec qui voyage dans l'espace

C'est presque devenu une tradition, tous les ans ou presque le cinéma se paye un voyage spatial ! L'année dernière c'était avec Gravity, sortit également au mois de novembre (coïncidence ? Je ne crois pas..), film de Alfonso Cuarón, qui nous avait fait voyager dans les étoiles, alliant la 3D à une qualité de réalisation qui avait fait la renommée du film, MAIS bien que très beau, le film n'avait pas brillé par son scénario ... mais pas de panique, tout mal à son remède ! Et ce remède, c'est Christopher Nolan ! Car après s'être offert la trilogie Batman, après avoir voyager aux pays des rêves avec Inception, ou bien après avoir exploré le monde de la magie dans le Prestige, Nolan se paye l'espace ! Oui monsieur, et autant dire que celle-là, on ne l'avait pas vu venir !


Assez peu enthousiaste à la base, puisque je suis loin d'être une fan de Nolan, et encore moins de la science-fiction en générale, je suis allée voir Interstellar sans aucune conviction ... Et c'est tant mieux, car il faut bien se rendre à l'évidence Interstellar n'est pas bien, non ! Il est super bien ! Ce film est un véritable monstre ! Un monstre comme on en fait peu, un film qui vient redorer le genre de la science-fiction et qui vient confirmer que Nolan est définitivement un des grands-maîtres du cinéma actuel. Bien évidement, l'histoire respire la joie de vivre et l'espérance ! Non daté, le film se passe dans un futur proche, ou la population humaine est en péril, à cause de la famine et de la nature qui se rebelle. C'est drôle comme la science-fiction se veut presque réaliste parfois ... les humains ne pouvant pas rester sur terre, un père de famille joué par Matthew McConaughey, est envoyé dans l'espace avec une équipe pour tenter de trouver une autre planète ou vivre ! 

Gros programme, pour un gros film !



Cependant, Interstellar n'est pas comparable à Gravity. Gravity avait Georges Clooney et la 3D, la ou Interstellar à Matthew McConaughey, Jessica Chastain, Anne Hathaway, Michael Caine et surtout, élément indispensable : un scénario !! De plus dans Gravity, les personnages cherchaient avant tout à retourner sur terre, alors qu'Interstellar n'a qu'une seule volonté, c'est d'en partir ! On ne peut pas s'empêcher de penser à 2001 l'odyssée de l'espace, et bien que Nolan n'ait pas confirmé son inspiration directe au film de Kubrick, on ne peut pas s'empêcher d'y penser, notamment à cause de cette impression de vide et ce silence frustrant qu'on retrouve dans les 2 films ! Mais arrêtons de toujours vouloir trouver un descendant à ce film et passons aux choses sérieuses !

Le premier coup de maître du film, c'est l'immersion du spectateur dans l'histoire, grâce à un procédé vieux comme le cinéma lui-même : la mise en situation ! Les 1ères images du film sont des personnes âgées témoignant d'une époque révolue ou la famine régnait sur terre ... étrange .. mais ça fonctionne ! On nous résume l'histoire du film en moins de 3 minutes, l'ambiance est posée et le spectateur est déjà dans l'histoire !
Forcément s'il y a bien une autre chose qui participe aussi à l'immersion du spectateur dans le film, c'est la musique, avec ici la formidable musique de Hans Zimmer qui avait aussi composé la musique de Inception, et qui est un des plus grands compositeurs de musiques de films actuels. Zimmer met son art au service de l'image, et c'est beau ! La musique épouse l'image, le spectateur est mis en orbite et c'est tant mieux, car à peine les jalons du film sont posés que nous décollons déjà vers l'infini et l'au-delà ! Et c'est une fois arrivé dans l'espace, que le film révèle sa meilleure carte, la qualité de ses images ! Dès qu'un film décolle dans l'espace, 2 choses peuvent sérieusement lui porter préjudice, la qualité de sa réalisation, avec "l'effet maquette et carton-pâte" et l'héroïsme trop poussé de son héros principal. On a connu ça dans Armageddon avec ce que j'appelle l'effet Bruce Willis ... Heureusement pour nous, Interstellar évite toutes les fautes de goût, aussi bien visuelles que scénaristique ! Tout simplement parce que la réalisation est bonne, rien n'est de trop, même dans certaines scènes où ça aurait clairement pu puer le Bruce Willis ! Mais non, ça n'arrive pas ! Matthew McConaughey bien que porté en héros, parce qu'il en faut bien un, n'est pas bourré d'héroïsme comme on pourrait s'y attendre, parce qu'il galère quand même à piloter sa navette spatiale, faut pas croire ! Du coup l'image du héros très américanisé et victorieux, est comme le film lui-même, très réaliste. C'est un héros moderne avec des sentiments, des états d'âme. On n'est pas dans la figure du héros indestructible au cœur de pierre, à la seule différence qu'il sait conduire une navette spatiale, mais ça c'est autre chose ! L'autre force du film, c'est son scénario, Nolan est connut pour ses scénarios donc il y avait peu de soucis à se faire de ce côté-là ! Il avait mis le paquet avec Inception, il a été souvent dit qu'il était à l'apogée de son art ! On en pense ce qu'on en veut, mais le scénario d'Interstellar a pour mérite d'être beaucoup moins compliqué que Inception ! A priori vous n'aurez pas besoin de voir le film 6 fois pour comprendre ne serait-ce que l'histoire .. Bourré de retournements de situation et de suspens, on nous tient en haleine pendant 2h45, on ressort du film un peu paumé en ayant vraiment l'impression d'avoir fait un bon dans le temps

Et ce que j'ai hautement apprécié dans Interstellar au-delà de ses qualités techniques et narratives, c'est ce qu'il représente dans le cinéma actuel et dans ce qu'est la science-fiction aujourd'hui.
Le temps ou les films de science-fiction se concentraient uniquement sur un futur lointain, trop lointain pour s'y projeter et s'emparer d'une certaine dose de réalisme est révolu. Il n'y a plus le temps aux voitures volantes ou aux êtres hybrides. La science-fiction semble avoir prit conscience de son rôle 1er qui est d'appréhender de manière responsable le futur. La science-fiction du XIXème siècle s'appuie d'abord sur des faits concrets, sur notre évolution actuelle pour imaginer et appréhender le futur, c'est en cela que le genre de la science-fiction est devenu responsable. Les films de science-fiction se veulent désormais actuels, temporellement proche de nous pour mieux toucher le public et le faire réagir à un futur non plus fantasmé, mais quasi-réaliste, ou à la fin du film chacun se dirait qu'en fait, tout ça est peut-être plus vrai qu'on ne le croit ! Du coup à mes yeux, Interstellar est plus un film d'anticipation qu'un véritable film de science-fiction, mais peu importe, il est reste génial !
pollly
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le 7 nov. 2014

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pollly

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