Fondu au noir. Les lumières se rallument. Je suis incapable de bouger. Les noms défilent et je les lit à peine, trop occupé à essuyer mes larmes et à me remettre de l'immense claque que je viens de me prendre dans la gueule. La musique d'Hans Zimmer flotte encore quelques instants, et je me rends compte qu'il ne reste plus que moi dans la salle. Les employés de l'UGC commencent à balayer la salle quand je me décide enfin à me lever. Plusieurs fois je manque de me cogner dans un siège. Avant de sortir de la salle, je jette un dernier coup d’œil à l'écran, histoire de reprendre mon souffle. Quand je sors du cinéma, je regarde le ciel et je souris. Je mets mon casque et je choisis spontanément, comme si c'était une évidence, Explosions in the Sky, pour me calmer. Pendant tout le trajet retour j'essaye de mettre de l'ordre dans mes idées. Une seule chose est claire : Nolan s'est encore surpassé.
Et soudainement, une question me vient à l'esprit : comment exprimer concrètement ces sentiments si forts ? Au moment où j'écris ces lignes, je viens de voir le film pour la 4ème fois. Le plaisir est intact, même si quelque peu diminué par l'habitude.
Par où commencer donc ? Je vous ferais grâce de l'analyse du film, il y en a déjà de nombreuses sur le site. Non, j'aimerais parler d'une scène, qui à elle seule justifie ma note. Ironiquement, dans un film avec des effets spéciaux spectaculaires, la meilleure scène (à mon sens) est la plus humaine. Cette putain de scène, c'est celle où Cooper regarde les messages archivés depuis 23 ans. Absolument tout y est fantastique : la musique de Zimmer, le jeu de McConaughey, et le cadre de Nolan, qui choisit de se concentrer sur les réactions de Cooper. J'ai été complètement pris par surprise, puis par les tripes. Et là, à la fin, du dernier message, où le fils de Cooper lui annonce qu'il n'en enverra plus car il considère que son père est mort, la musique se coupe brutalement. J'ai eu envie de mourir. Pendant quelques instants, j'étais avec Cooper, dans sa chambre, à partager les même émotions.C'était beau à en crever. Boum, là d'un coup, violence émotionnelle.
Bref, je ne taris pas d'éloges à propos de ce film et je pourrais en discuter pendant des heures. Je pourrais parler d'autres scènes, celle du départ de Cooper, ou encore celle de l'arrimage. Je pourrais encore une fois souligner la musique de Zimmer, qui pour une fois ne se résume pas à du PWIIIIIIIN. Je pourrais parler des acteurs, tous plus bons les uns que les autres, ou de cette claque dans la gueule tant recherchée et plus ressentie au ciné depuis Drive. Mais je me rends compte que quoique je dise, je ne fais pas justice à cette épopée, cette odyssée orchestrée de main de maître.
Certes, le film a des défauts. Nulle oeuvre d'art n'est parfaite. La tendance qu'ont les personnages chez Nolan à expliquer toute l'intrigue dans leurs dialogues est ici moins présente, mais présente tout de même. L'intrigue complète est difficile à digérer d'un seul coup, mais a du sens si on y réfléchit. Peut-être que je me laisse aveugler par mes émotions, mais je n'en ai aucune honte si c'est le cas. Au moins, Nolan m'a fait ressentir quelque chose.
Car c'est ça, vraiment, qui me fait vibrer. Et si Nolan arrive à faire sourire nostalgiquement le gamin nourri de science-fiction que je suis toujours, alors peut-être que le monde n'est pas si moche après tout. Et comme dirait Cooper, il y a toujours de l'espoir.
P.S. : Chris, je t'aime.