Il y a du Chrono Trigger inside
Un film dont le sujet sera les voyages interstellaires à travers des trous de ver pour sauver l'humanité, et dont le réalisateur est du genre à ne pas faire des blockbusters comme tout le monde, et dont le scénario est souvent hyper-dense et ambitieux?
Il n'en faut pas plus pour qu'Interstellar devienne mon film le plus attendu depuis l'annonce de sa production, surtout que bon, Christopher Nolan, malgré ses défauts et ses tares de réalisateur, je suis quand même très fan.
Le problème, c'est que cette fois-ci, il touche à mon genre préféré, celui qui m'a fait aimé le cinéma, celui qui m'a donné le goût de la science, de l'espace, et de la place de l'humanité dans l'immensité du cosmos. L'exigence et la barre est placée très haute pour ma part, surtout en regard du sujet évoqué et de l'ambition du mec derrière la caméra.
Bon, je vais pas tourner autour du pot très longtemps, Interstellar est un excellent film de science-fiction. Il possède même un scénario qui est surement un des scripts les plus ambitieux dans le genre, on parle de voyage à travers des trous de ver, des trous noirs et tout ce que ça engendre en terme de la théorie de la relativité, on parle d'exploration d'exoplanète, de Terre en perdition et d'une humanité à sauver. Rien que ça. On pourrait faire 3 ou 4 films différents avec ça, mais le Nolan, il fait tenir tout ça sur un peu moins de 3h. Soyons honnête, c'est déjà un exploit de faire tenir tout ça en un seul film, qui plus est avec cohérence. Mais le problème d'Interstellar, c'est que la réalisation est loin d'être à la hauteur de son propos. Je suis un gros geek, je lis le scénario de Nolan, c'est une histoire de malade, avec des concepts géniaux et des trucs encore jamais au cinéma.
Ben malheureusement, le résultat à l'écran ne m'explose pas la rétine. C'est souvent bien, parfois raté, mais ça ne vend que rarement du rêve. Et ça c'est quand même méga-frustrant! On te parle d'explorer des mondes inconnus, et on se retrouve avec une planète avec des vagues géantes (déjà vu dans Abyss et 2012) torchés en 15 minutes, un monde plongé dans un climat glaciaire qui ressemble à l'Islande, et un monde rocailleux tout droit sorti des Rocheuses. A un moment, on est censé être dans une 5ème dimension, censé représenter le croisement des 4 autres dimensions, et au bout du compte, on se retrouve avec un astronaute en apesanteur dans des couloirs de bibliothèque en 3 dimensions. C'est quand même un peu la douche froide quand on y pense. Et attention, le moment le plus intense du film, là où tout la salle est à bloc de tension dramatique, c'est juste l'amarrage d'un vaisseau sur un autre vaisseau plus grand. Certes, les 2 sont en mouvement de rotation et la manoeuvre est compliquée, et la musique de Hans Zimmer marche du feu de dieu sur cette scène mais avec du recul, c'est quand même pas hyper-ouf.
En fait, Nolan est probablement trop cartésien pour un sujet pareil. Et peut-être aussi trop ambitieux. Il veut parler de voyage interstellaire, très bien, mais Contact de Zemeckis l'a déjà fait il y a plus de 15 ans, et ses trous de ver envoient plus de rêve. Nolan veut aborder le thème de l'humanité au bord de l'extinction et de son existence face à l'immensité de l'univers? Sunshine de Danny Boyle est passé par là (même le coup du mec schizo qui veut tout faire péter est présent!). La relativité d'Einstein? La planète des Singes (l'original bien évidemment) était déjà sur le coup. Bref, Interstellar ressemble à un patchwork des grands classique du genre, dont bien évidemment le plus grand de tous, 2001, dont les robots et Intelligence Artificiel TARS et CASE sont un hommage évident au film de Kubrick, tout comme la présence d'un trou de ver près de Saturne. Mais il ne fait presque jamais mieux, et même si faire tenir tout ces thèmes dans un unique et long-métrage avec une cohérence certaine est déjà un tour de force, l'amoureux du genre que je suis est quand même un peu frustré.
Bon, j'en dis beaucoup de mal, mais j'ai quand même vachement aimé. L'histoire est excellente et assez vertigineuse (on parle quand même de triple inception de boucles temporelles), on ne s'y ennuie pas une seconde, et même si c'est pas méga-top à l'écran, il y a quand même des concepts inédits et très casse-gueule à l'écran. Etant donné la rareté d'un film de ce genre avec un scénario un tant soit peu excitant, et que mine de rien, ça fait du bien de voir un blockbuster qui sort des sentiers battus, Interstellar reste un très bon film de SF et un excellent divertissement.
J'aurais juste aimé qu'il soit le plus grand film de SF de l'histoire du cinéma derrière 2001, Odyssée de l'Espace. Ou au moins, rejoindre le panthéon des classiques du genre.