Interstellar par Charles Dubois
Décidément Nolan n'est pas mon fort. J'aurais tout essayé, et c'est avec envie que je m'enfonçais dans la salle obscure pour voir ce "2001 de Nolan" comme crient les médias. Bon dieu on en est vraiiiiiiiiiiiiiment loin...
Les points positifs d'abord. Ne les oublions pas.
La longueur du film, et je dois l'avouer, n'est pas pesante, et malgré son propos abrutissant et ses scènes interminables de dialogue futiles, le film passe relativement vite.
Un joli travail sur les éclairages est réalisé, grâce à des ambiances crépusculaires et douces sur Terre et à des jeux de cache-cache lumineux de l'espace.
La musique est à relever. En effet Hans Zimmer redevient le compositeur de génie qu'on avait un temps oublié à cause de films de secondes zones hollywoodiennes qu'il noyait dans des mélodies toutes faites pleines de bon sentiments. Ici rien de tout ça. Zimmer se renouvelle utilisant grandement les orgues (référence à 2001 de Kubrick, qui est très loin d'être la seule, montrant une pale tentative de copie de chef d'oeuvre de la part de ce "génie d'originalité" qu'est Nolan) fortement inspirés d'un Philip Glass qui transpire par chaque pore de la partition, avec ces thèmes minimaliste réussis. Néanmoins Zimmer est je pense assez grand pour utiliser sa palette musicale personnelle sans chercher à imiter celle des autres. Mais la musique et globalement réussie et accompagne à merveilles certaines scènes, créant une ambiance envoûtante quasi déroutante, à l'image de scènes de pré - apocalypse réussie.
Mais elle en massacre tout autant. On sait que Zimmer n'a pas vu une seule image du film et a dû composer connaissance inexistance du produit finis. Belle initiative de Nolan qui donne ainsi à son film de jolies scènes bien ratées où des événements tragiques sont associés à une musique joyeuse...
Enfin des effets spéciaux magiques et peu numériques (!!) permettent la création d'univers réussis et des plans d'espace sublimes.
Les défauts maintenant. Et il y en a pléthores.
Par où commencer. Je sens déjà venir les accusations face à de tels commentaires critiquant "l'un des plus grands cinéastes de son temps". Je veux bien admettre, Nolan réalise quelques uns des scénarios les plus fouillés et travaillés du cinéma d'aujourd'hui. Sa maîtrise de la mise en scène est indéniable et les effets spéciaux à son service sont d'une qualité exemplaire. Mais je ne peux pas passer outre de nombreux éléments qui rendent ce film à mon goût ridicule.
Les invraisemblances aussi bien scénaristiques que scientifiques pullulent.
J'ai parfois l'impression de n'être soit pas assez intelligent pour comprendre le génie de ce réalisateur, soit d'être pris pour un véritable con. Sans déconner (pardonnez cet excès de vulgarité) : de la poussière guidée par un fantôme indiquerait les coordonnées géographiques d'un centre secret de la NASA grâce au langage binaire (tant d’inepties dans une même phrase me brûlent les doigts)? Une salle de réunion importante de cette base secrète serait accolée à la zone de lancement d'une fusée ? Les personnages, évidemment les deux plus importants, sont soi disant choisis ? Ces mêmes qui les auraient choisis auraient de plus placés volontairement placé un trou de vers dans l'espace ? Tout ceci ne serait qu'une machination (Haha la survie de la planète on s'en cogne on se marre en faisant des petites opérations secrètes que l'on sait déjà vouées à l'échec hihihoho) ! Matt Damon débarque au milieu dans un personnage aussi inutile que ridicule qui meurt d'une manière aussi pourrie que celle dont il est arrivé : le meilleur astronaute au monde explose comme une merde car il ne sait pas piloter un vaisseau sans l'auto-pilote... Je vous passe encore l’explication improbable du trou noir ou la séquence des vagues qui est un summum de ridicule (vagues sans terres ? vagues de plusieurs centaines de mètres de haut avec seulement 15 cm de profondeur ? aucune aspiration ? pas de lune ?)...
Je me calme...
Le film n'est que série d'inepties scientifiques, qui dés qu'elles tentent d'être abordées intelligemment sont coupées par des explications scientifiques vulgarisées pour débiles mentaux (et dieu sait que je suis pourtant une vraie quiche dans les matières scientifiques...). Les explications sont d'un bidon assumés. Nolan a donc fait une croix sur toute notion de réalisme et de probabilité et fait ici un gros bras d'honneur à la science et à ses spectateurs qu'il "mindfuck" allègrement par un scénario illogique, mal fichu et qui tombe littéralement à plat. Des scènes censées surprendre ne le font absolument pas.
Mais soit ! Certains adorent qu'on leur retournent la cervelle au profit d'un néant qui crève les yeux servi dans une soupe hollywoodienne bourrée de bons sentiments et d'émotions exagérées.
Mais là où le film m'agace viscéralement, c'est dans la capacité qu'a Nolan de foutre littéralement en l'air des scènes qui auraient put être d'une beauté sidérante. La caméra ne cesse de rentrer à l'intérieur du vaisseau, préférant se focaliser sur les personnages et leur émotions plutôt que sur des paysages et des mondes d'une beauté plastique sidérante. Ainsi Nolan fout à la poubelle le seul atout majeur de son film.
Alors qu'il aurait put remplir ces 2h49 de plans techniquement impeccables, vertigineux et d'une beauté à couper le souffle, digne d'une contemplation cosmique de Kubrick, Nolan préfère les remplir de commentaires absolument agaçants que les personnages réalisent sur ce qu'ils voient (et sur ce qu'on aimerait bien voir !!!!). La scène de l'entrée dans le trou noir aurait put être un must total, un classique instantané. Et bien non. En plus d'être coupée à de nombreuses reprises par un retour sur terre, la caméra refuse obstinément de nous montrer quelque chose (à croire que les formidables effets spéciaux ne servent tout bonnement à rien...) et reste figé sur le visage, aussi viril soit-il, d'un Matthew McConaughey touchant dans son rôle d'agriculteur - astronaute - pleurnichant le sort de ses gosses qu'il a laissé sur Terre (ou plutôt de sa fille vu que le personnage du fils est totalement oublié : tout le monde s'en fout littéralement.).
Quel gâchis.
Le tout est plongé dans une salade de bavardages abrutissants, insipides et d'une niaiserie à toute épreuve (des scènes interminables qui s'étirent sans intérêt, à l'image du personnage de Matt Damon, et de la scène de sa mort, qui semble ne jamais venir à cause de dialogues d'un ennui à crever. On a qu'une envie c'est de se lever et d'hurler "Mais ferme ta gueule et crève qu'on en finisse vu qu'on sait depuis le début que ça va se passer comme ça !!!!!"). Certaines agrémentées de poésie (il manquait plus que ça...), à croire que Nolan fait réciter à ses personnages de la poésie car son film en manque cruellement...
Le tout se clôt sur un final aussi absurde qu'invraisemblable, abordant le thème de l'amour aussi niaisement que possible.
Trop de rage passe dans mes doigts lorsque j'écris ces mots. Veuillez pardonner cet élan de violence et cette déconstruction totale de la critique qui sont symboles de mon amour pour ce film.
Bref je crois ne pas avoir aimé ce film.