"Demie quoi ? Mesure ? Jamais entendu parler..." ou "INTERessantPETARDmouillé"
Il est fort difficile d'aller au cinéma sans savoir quoi que ce soit du film qu'on va voir, surtout pour un film comme ça. Jusqu'au jour même du visionnage (aujoud'hui, voir date de la critique, enfin, la veille, il est 2h du mat là...), je me sentais agressé par la présence d'une critique dans le Canard, ayant peur d'en lire ne serait-ce qu'un mot avant de le voir.
En même temps, c'est du Nolan, et fondamentalement sans avoir aucune idée de ce que j'allais voir, rien qu'avec le titre et sa filmo, je savais presque exactement ce que j'allais voir.
Pour une fois, je vais commencer par LE gros défaut du film selon moi, le seul qui pourrait quelque peu ternir le machin, à savoir que comme souvent Nolan veut parler de tout en même temps, et du coup finit parfois par tellement esquisser les choses que ça en revient presque à ne parler de rien.
Autant j'adhère totalement aux sujets de S.F. qu'il tente de développer, autant je trouve qu'il a une tendance à vouloir se donner une "caution cinématographique traditionnelle" en remplissant ça de "symbolisme" parfois un peu mièvre. Et comme il va rarement au fond des choses, on reste toujours un peu sur sa fin du point de vue du questionnement S.F.
Et ici, c'est encore le cas. D'un certain côté, plus que dans Inception, mais d'un autre, moins. Disons que le symbolisme est plus éparse, plus nombreux aussi, mais plus éparse dans Interstellar qu'Inception.
Mais bon, ce qui fait la force de Nolan, ce n'est pas tant l'approfondissement des thèmes, que leur mise en scène. Et là, le film est encore une fois parfait selon moi. Jusqu'à la fin, qui pourtant je pense a ce défaut maintenant traditionnel du Blockbuster à vouloir montrer ABSOLUMENT TOUT jusqu'à la dernière seconde plutôt que de conclure en laissant suffisamment d'éléments au spectateur pour comprendre ce qui adviendra par la suite.
Mais sinon, le film déjà regorge d'idées en tout genre. On emprunte une touche de cyberpunk, on fait le parti prit de choix esthétiques et narratifs géniaux mais totalement irréalistes, comme les excellent Robots. On dose parfaitement les images grandioses et le rappel du point de vue des réactions des personnages (contrairement à Godzilla qui sacrifie le grandiose aux réactions, ou Gravity qui souffre presque du problème inverse). On fait des choix de mise en scène sonore déroutants mais qui fonctionnent tout du long.
Dans l'ensemble, les acteurs sont très bons, même si Hattaway m'a encore donné envie de la gifler pendant plus d'une scène. Ah oui et Matt Damon, dont le rôle souffre d'une écriture laborieuse, ne servant que de ficelle scénaristique (il sert basiquement de "panne d'essence"...), et qui du coup n'a aucune prestance devant la caméra, un peu malgré lui...
Donc au final, on a un film qui sait être drôle quand il faut, qui sait être intense aussi aux bons moments, mais qui se perd parfois un peu entre temps dans des raisonnements pompeux au lieu d'approfondir plus sa réflexion sur certains autres points ou sujets. En gros, ce film remplit honnêtement son contrat niveau histoire et visuel, et est suffisamment soutenu par une réalisation ambitieuse pour palier ses quelques égarements.
ADDENDUM VIDEOS :
Comme d'hab, deux chroniques vidéos sur le film, une plutôt positive l'autre plutôt négative, mais qui comportent toutes deux des éléments qui correspondent à ma vision du film.
Plutôt positive :
https://www.youtube.com/watch?v=g2Z_M0_dJhY&list=UUCqEeDAUf4Mg0GgEN658tkA
Plutôt négative :
https://www.youtube.com/watch?v=ZbJyn8OX8vI&list=PLHSGoCViRsyoy5NZH7bELSuTw5ynRtzIY