Quand Nolan et Zimmer découvrent les vertus du silence.

Tout comme Gravity ne fut pas le film de l'année 2013, Interstellar ne sera évidemment pas le film de l'année 2014. Il n'en demeure pas moins un divertissement honorable, plutôt palpitant dans sa première partie, mais trop gloubi-boulga dans la dernière pour être un grand film.

Deux bonnes nouvelles d'abord, Hans Zimmer, confirmant la bonne impression laissée par 12 years a slave, semble avoir appris à ne pas faire que du bruit. Dans le même ordre d'idée, Christopher Nolan découvre les vertus du silence. Cela commence par des dialogues beaucoup moins assommants que d'habitude, et pour certains plutôt bien écrits, pour atteindre le silence absolu, particulièrement éloquent dans une scène spatiale impressionnante.

Le film démarre bien et suit une trajectoire ascendante efficace dans sa première moitié. Si les bidouillages scientifiques sont fumeux, on s'en fiche un peu, l'esprit de l'aventure est là, les Nolan scénaristes se montrant par ailleurs, et pour une fois, capables de donner de l'épaisseur à leurs personnages. Rien de bien neuf sous le soleil, bien sûr, mais l'histoire fonctionne. Les relations entre ce père et ses deux enfants sonnent juste, et le traitement particulier du lien père/fille (2 pères, 2 filles, 1 autre père sans fille) se lit comme le fil rouge émotionnel du récit.

Comme le film est très long, ça commence à déconner à partir du moment où le guest Matt D. apparaît. Ce ne sont ensuite que circonvolutions interstellaires alambiquées, tire-larmes frontaux et maladresses scénaristiques. Si la toute fin fonctionne à peu près, elle ne convainc pas vraiment.

Matthew McConaughey domine tant le casting que les autres ont du mal à trouver leur place. On mettra ce déséquilibre sur le dos de la gravité et des ses multiples pouvoirs.

Allez, on va dire que Nolan fait des progrès. Encourageons-le !
pierreAfeu
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes 2014 • Film par film et 2014 • TOP PAS TOP

Créée

le 16 nov. 2014

Critique lue 341 fois

2 j'aime

2 commentaires

pierreAfeu

Écrit par

Critique lue 341 fois

2
2

D'autres avis sur Interstellar

Interstellar
Samu-L
9

Rage against the dying of the light.

Un grand film, pour moi, c'est un film qui m'empêche de dormir. Un film qui ne s'évapore pas, qui reste, qui continue à mijoter sous mon crâne épais, qui hante mon esprit. Le genre de film qui vous...

le 6 nov. 2014

431 j'aime

72

Interstellar
blig
10

Tous les chemins mènent à l'Homme

Malgré ce que j'entends dire ou lis sur le site ou ailleurs, à savoir que les comparaisons avec 2001 : L'Odyssée de l'Espace sont illégitimes et n'ont pas lieu d'être, le spectre de Kubrick...

Par

le 28 févr. 2015

331 j'aime

83

Interstellar
guyness
4

Tes désirs sont désordres

Christopher navigue un peu seul, loin au-dessus d’une marée basse qui, en se retirant, laisse la grise grève exposer les carcasses de vieux crabes comme Michael Bay ou les étoiles de mers mortes de...

le 12 nov. 2014

299 j'aime

141

Du même critique

Nocturama
pierreAfeu
4

The bling ring

La première partie est une chorégraphie muette, un ballet de croisements et de trajectoires, d'attentes, de placements. C'est brillant, habilement construit, presque abstrait. Puis les personnages se...

le 7 sept. 2016

51 j'aime

7

L'Inconnu du lac
pierreAfeu
9

Critique de L'Inconnu du lac par pierreAfeu

On mesure la richesse d'un film à sa manière de vivre en nous et d'y créer des résonances. D'apparence limpide, évident et simple comme la nature qui l'abrite, L'inconnu du lac se révèle beaucoup...

le 5 juin 2013

51 j'aime

16

La Crème de la crème
pierreAfeu
1

La gerbe de la gerbe

Le malaise est là dès les premières séquences. Et ce n'est pas parce que tous les personnages sont des connards. Ça, on le savait à l'avance. Des films sur des connards, on en a vus, des moyens, des...

le 14 avr. 2014

41 j'aime

21