Interstellar me laisse perplexe. L'histoire se passe dans un futur proche mais à une date indéterminée. La Terre se meurt, plus rien ne pousse à part du maïs et le monde n’a plus de perspectives, les gens ont perdu leurs ambitions. Et moi je suis là, bien concentrée dans mon fauteuil. Mais je me dis, quand même, d’où viennent ces foutues tempêtes de poussière? Et pourquoi le mildiou, pourquoi la surpopulation et ce trou paumé du Texas loin de tout, pourquoi un drone indien. Pourquoi ? Parce que la planète va mal, on t’a dit, parce que le monde va mourir … mais pourquoi dans si peu de temps, pourquoi dans plusieurs dizaines d’années finalement? Et puis les profs, la mère morte, les poltergeists ? La vie est ailleurs, tout cela aura du sens un jour … Bon, en fait, on s’en fout. Fallait bien une possible apocalypse qu’on puisse se barrer de là bordel ! Alors on laisse tout ça de côté parce qu’on est prévenu. Tout ce qui peut mal tourner, va mal tourner. Reste plus qu’à trouver un pilote pour nous sortir de là. Justement, un ex-pilote de navettes, Cooper, joué par Matthew McConaughey, accepte de reprendre du service, au grand désespoir de sa fille Murphy.
Et la fusée décolle enfin, laissant poussière, famille et fantôme derrière elle. Nolan surfe sur la plus grande vague du monde, cheminant à la rencontre des sciences et de l’onirisme. Il s’efforce de réconcilier l’amour et la mort, confrontant l’intime à l’univers. Bref, un petit projet modeste comme d’hab’. L’action prend de l’ampleur à mesure que le film avance et on finit par ne plus voir ce foutu temps passer. Nolan nous lâche la grappe 5 minutes avec ses théories scientifiques et enquillent les compressions et les dilatations temporelles, rebondissant de trou de ver en trou noir en planète stérile, jusqu’à nous faire lâcher prise. Tant pis pour cette sacro-sainte gravité, il nous reste l’humour et la franchise de TAR, le petit robot béton. Mais soudain y a un trou du cul qui lâche à l’autre bout de l’univers : « N’entre pas sans violence dans cette bonne nuit. Rage, enrage contre la mort de la lumière. » Et vu, qu’à priori il servait à peu près qu’à ça, je me sens un peu visé dans mon fauteuil, en train de lâcher l’affaire. Alors j’essaie de raccrocher, et promis, on débriefera plus tard. Donc attends voir, ce truc en 5 dimensions là, c’était une manifestation des extra-terrestres ça … ou alors peut-être qu’en admettant que ce soit une expérience de mort imminente… nan ça doit être les hommes du futur qui… et puis merde! Fiction scientifique on a dit. Et plus le scénario devient délirant, et moins je suis regardante. Reste plus qu’à débarquer.
Personne ne reviendra sur le drone et les nuages de cendres, la Terre et ses habitants, ne perdons pas notre temps en bavardage stérile. Du moment que, du fond du trou noir, le fantôme de l’amour se bat pour la vie. Bref, tout ça histoire de m’aider à comprendre pourquoi, finalement, je me suis laissée embarquer avec complaisance dans cette petite séance de spiritisme tarabiscotée …