Déçu. J’ai assisté à ce qui m’a semblé une longue élucubration scientifico-apocalyptico-héroïco-sentimentale (beaucoup, j’insiste, mais alors beaucoup de mélo !), quand je m’attendais bien sûr à un film de science-fiction, mais à un film à la fois plus sobre dans son histoire (ça m’apprendra à ne pas regarder les bandes-annonces), et sans doute plus divers, plus surprenant, plus prodigieux dans ses décors (toutes ces attentes en raison de la bien belle affiche). Au final : deux planètes quelconques (une reprise de Waterworld version pédiluve, et un genre de Pluton gigantesque), et, surtout, une intrigue d’une longueur (surtout dans son début), d’une lenteur (surtout dans son milieu), et d’une lourdeur (celle-ci générale) tout simplement rédhibitoires.
Et par longueur, j’entends que les premières trente minutes (du moins jusqu’au décollage) développent sans brio des enjeux de famille inintéressants, en conséquence de quoi l’on aurait pu s’en tenir aux trois ou quatre scènes qui, seules, introduisent des éléments nécessaires.
Par lenteur, ensuite, j’entends les épisodes de mélodrames qui entrecoupent l’épopée et tuent son rythme (d’ailleurs, pour parler dans mon propre référentiel temporel, les quelques secondes de vidéo-témoignage poignant du fils à son père m’ont paru dix bonnes années).
Par lourdeur, enfin, j’entends à la fois l’explicitation permanente avec, au-delà, la grotesquerie des explications avancées à tout ce pataquès, ainsi que la façon dont tout est péniblement conduit pour aboutir à un surplus de pathos vraiment dispensable.
A défaut de me captiver, de me divertir, Interstellar m’aura-t-il fait seulement réfléchir ? Même pas. Car en fin de compte, c’est peut-être plus encore le discours qui m’aura agacé : l’amour serait la seule chose à transcender l’espace et le temps. A s’y pencher, ça ne semble pas si faux (encore que d’autres sentiments s’avèrent éligibles à cette « transcendance ») ; mais c’est quand cette proposition sous-tend l’intégralité d’une intrigue, quand Nolan cherche à en organiser la démonstration tout au long de quelque 2 heures 50 minutes de ce qui se révèle, au fond, un grand divertissement, qu’il la voue à n’être qu’une suite de mots vains.
Long, lent, lourd, pourtant creux, Interstellar ennuie.