Membres de Sens Critique, messieurs les scientifiques, distingués invités de cette critique, et mesdames et messieurs :
Je suis enchanté d'être ici, et tout particulièrement en cette occasion.
Nous nous sommes assemblés en une heure de changement et de défi, en un siècle d'espoir et de peur, en un âge de connaissance autant que d'ignorance. Plus nos connaissances s'accroissent, plus notre ignorance apparaît au grand jour.
Malgré nos avancées, la vaste étendue de l'inconnu, des questions sans réponse et de l'inachevé continue à être largement supérieur à notre compréhension collective.
Nul ne peut entièrement saisir quelle distance nous avons parcourue, ni à quelle vitesse ; mais condensez, si vous le voulez bien, les 50 000 ans de l'histoire humaine connue en une période d'un demi-siècle seulement. En ces termes, nous en savons très peu sur les 40 premières années, si ce n'est qu'à la fin de celles-ci l'Homme évolué avait appris à se servir de la peau des animaux pour se vêtir. Puis, il y a environ 10 ans, toujours en ces termes, l'Homme émergea de ses grottes pour se construire d'autres types d'abris. Cela ne fait que 5 années que l'Homme a appris à écrire et a utiliser un chariot. Cela ne fait qu'un an que l'imprimerie est apparue et seulement quelques secondes que nous avons tourné notre regard vers les étoiles.
C’est une vitesse à couper le souffle, et une telle vitesse ne peut éviter de créer de nouveaux malheurs tout en faisant disparaître les anciens, de nouvelles ignorances, de nouveaux problèmes, de nouveaux dangers. Assurément, les perspectives spatiales apporteront de nombreuses épreuves, mais aussi d’immenses récompenses.
Nous hissons les voiles sur cette nouvelle mer car il s’y trouve de nouvelles connaissances à conquérir, et de nouveaux droits à gagner, et ils doivent êtres gagnés et utilisés pour le progrès de l'Humanité. Car la science spatiale, comme la science nucléaire et toutes les technologies, n’a pas de conscience propre. Qu’elle devienne une force bénéfique ou maléfique dépend de l’Homme, rappelons-nous que la nature n'est jamais mauvaise. L’espace peut être exploré et maîtrisé sans nourrir les feux de la guerre, sans répéter les erreurs que l’homme a commises en posant sa marque sur ce globe qui fut le nôtre.
Nous choisissons d’aller vers l'infini. Nous choisissons d’aller vers l'infini, et de faire d’autres choses encore, non parce que cela est facile, mais bien parce que cela est difficile, parce que ce but nous servira à organiser et à mesurer le meilleur de nos énergies et de nos capacités, parce que ce défi est celui que nous voulons accepter, celui que nous refusons de retarder, et celui que nous avons l’intention de remporter.
Hé bien, l’espace est là, et nous allons le grimper, et les étoiles et les planètes sont là, et de nouveaux espoirs, de nouvelles connaissances sont là. C’est pourquoi, avant de nous embarquer, nous demandons pardon, pour avoir délaisser ce bijou, et nous gardons espoir.
Merci.
"N’entre pas sans violence dans cette bonne nuit,
Le vieil âge devrait brûler et s’emporter à la chute du jour ;
Rager, s’enrager contre la mort de la lumière."
NB : Ce texte est librement inspiré du discours sur l'effort spatial de la nation. Président John F.Kennedy.