Interstellar est de loin le meilleur film que j’ai vu ces dernières années. Mais finalement, à travers l’expression « ces dernières années », je cherche juste un moyen d’éviter de dire « le meilleur film que j’ai vu de ma vie », expression extrême qui paraîtrait irréfléchie et naïve. Je n’ose pas le dire. Pourtant, c’est bien vrai, je dois me l’avouer : Interstellar est le meilleur film que j’ai vu de ma vie au cinéma.
Tout d’abord, Interstellar traite de l’ambition. La toute simple ambition. Trop peu de personnes regardent encore les étoiles. Ce film nous donne un second souffle, nous rappelle, comme si on l’avait oublié depuis trop longtemps, qu’il faut viser haut. Il ne s’agit pas que de se démarquer, mais de réussir, d’être grand. Le personnage de Cooper rêve d’explorations, de pionniers. Il transmet son rêve au spectateur qui est embarqué pendant près de trois heures dans le voyage le plus ambitieux de l’histoire de l’humanité. Le plus long, le plus grand, le plus loin.
On trouve dans Interstellar de l’amour et de l’émotion à l’état brut. Les sentiments humains n’y ont jamais été autant ressentis. Dans l'espace, l’absence des êtres chers et la fatalité du temps qui passe sont plus douloureuses que sur terre. Si cette émotion nous touche si droit au cœur, c’est bien grâce à quelque chose. Il doit bien y avoir une recette qui fait des ravages. Effectivement, on ne change pas une équipe qui gagne. Le duo Christopher Nolan – Hans Zimmer. Le compositeur parvient à travers ses Cornfield Chase, S.T.A.Y., No Time For Caution et autres morceaux à nous donner des frissons, à nous faire pleurer, à accélérer notre rythme cardiaque comme si les notes d’orgue de ses partitions avaient atteint notre sensibilité la plus profonde. Quant à l’esthétique du film, jamais des effets visuels ne m’avaient autant marqué. Certaines images provoquent l’arrêt momentané de notre respiration, pour laisser échapper un « putain ! » que plus de la moitié de la salle aura prononcé. Les scènes de l’amarrage ou encore du « tesseract » resteront gravées dans ma mémoire. L’alliance musique – images atteint ici un niveau de perfection. Comme si Nolan et Zimmer connaissaient un théorème, un algorithme qui permettrait de provoquer les plus grandes émotions que le cinéma puisse offrir. Au final, ces deux hommes ne seraient-ils pas des génies ?
Interstellar nous scotche littéralement à notre siège. Ce film m’a ouvert grand les yeux, a fait monter des larmes au bord de mes paupières, m’a coupé le souffle, m’a sidéré. Interstellar est un film complet. Il n’est de loin pas qu’un film de science-fiction. C’est un chef-d’œuvre. En sortant de la salle, j’étais encore abasourdi. Une quantité de beauté et d’émotion que je n’avais jamais eu auparavant au cinéma venait de me bousculer. Je parlais, je souriais bêtement, je discutais du film, mais j’étais ailleurs. Mon esprit, lui, était loin. Il voulait prolonger le rêve, l’émotion, les sensations interstellaires. Il rêvait de trouver sa place parmi les étoiles.