Attention SPOIL
Je n'ai pas regardé la bande-annonce du film (encore heureux), c'est le synopsis qui m'a convaincu : "chullachaqui, un humain dépourvu de souvenirs et d'émotions", "la yakruna, une plante sacrée très puissante, possédant la vertu d'apprendre à rêver". Je m'attendais donc à voir un film onirique, mystique, qui essayerait de faire croire au spectateur à une vision du monde alternative, un film intelligent donc, qui traite du temps, de l'espace et du rêve.
Le film ne m'a pas déçu. Si ce n'est le début qui est selon moi un peu lent. On dira que c'est pour que le spectateur s'enfonce dans la jungle amazonienne et s'imprègne de son atmosphère, ok. Mais quand même. Ce n'est pas parce que le film est "intelligent" et qu'il amène à une réflexion profonde qu'il doit être contemplatif à ce point. (je ne parle que du début du film). La nature doit être contemplée et découverte, mais elle aurait pu être contemplée de manière un petit peu plus dynamique. Eh oui, à un moment je suis sorti du film à force de voir les plans de la barque qui avance sur l'eau, puis de la barque qui avance sur l'eau, puis de la barque qui avance sur l'eau...
La suite, c'est autre chose. Il y a déjà cette scène du Walter Kurtz 2.0, aveuglé par sa folie qui est idolâtré par un groupe d'indigènes naïfs et qui crée une micro société située nulle part et qui nous fait perdre nos repères. A partir de ce moment du film, on entre dans une sorte de folie, on perd de plus en plus le contrôle, au fur et à mesure qu'on s'enfonce dans la jungle.
L'anthropologue laisse de côté ses biens matériels, commence enfin à croire pour voir comme lui conseille Karamakate, pour enfin rencontrer la yakruna, cette fleur qui le guérira et qui lui donnera une réponse.
Viens alors enfin cette scène de la prise de la yakruna. J'attendais véritablement dans ce film sur le rêve une scène qui serait onirique, qui serait au-dessus des autres scènes et qui serait à couper le souffle. Je l'ai eu quand on entre dans le rêve de l'anthropologue. Deux plans m'ont littéralement scotché : le survol de la forêt amazonienne (premier plan du rêve, avec une musique angoissante, transcendante, sublime) puis immédiatement après le plan de Karamakate qui ouvre grand les yeux et la bouche pour en laisser sortir une lumière blanche totale. Le plus grand moment du film.
L'étreinte du serpent donne au final l'envie d'entretenir un nouveau rapport avec la nature. Ce n'est plus une simple ressource mais un environnement qui nous permettrait de nous découvrir et de développer notre esprit, l'élever. Le film nous offre une vision du monde dans lequel certaines choses peuvent être découvertes et appréciées seulement si on y croit. On a envie de croire en des mythes, et on a surtout envie de rêver.