Comme le cosmos, l'ambition de Christopher Nolan semble ne plus avoir de limites. Son Interstellar pousse encore un peu plus dans la surenchère de cinéma avec un scénario ultra-dense qui offre cette sensation trop rare de se perdre dans des directions totalement inattendues. En ce sens, il réhabilite également l'excitation de l'exploration, revenue à la mode avec Avatar, mais dans un contexte totalement crédible contrairement à celui du film de James Cameron. Résultat, le voyage fournit son lot d'étapes et de péripéties assurément inoubliables. D'autant plus dans ces instants pendant lesquelles tous les éléments artistiques s'unissent en symbiose pour former des visions presque oniriques, inédites au cinéma.
Pessimiste (ou prophétique, au choix), Interstellar veut néanmoins laisser une chance aux Hommes. C'est sa grosse faiblesse, celle qui vient rappeler que Nolan, malgré son énorme talent, n'a pas encore la retenue d'un Kubrick, et que ses films sont avant tout destinés aux multiplexes. En bout de course, c'est donc une fin fumeuse sur les bords qui nous fait revenir sur Terre, autant pour ce qu'elle dit que pour ce qu'elle tait (les ellipses c'est bien pratique).
Pas de quoi cependant gâcher ce qui reste avant tout comme une expérience rare et émouvante, et un spectacle monumental, qui recèle en lui plus de surprises qu'une année de blockbusters.