(En musique.)
Into the forest, un énorme soupçon de déception lorsque l'on passe en revue tout ce que la réalisatrice a loupé. On ne peut que prendre la sublime Evan Rachel Wood (absolument somptueuse, comme d'habitude) en grande sœur, et le reste suit, elle est de toute manière parfaite et attendue pour ce rôle. Un rayon de soleil dans le chalet, une ombre qui plane sans cesse sur ses yeux désenchantés, aussi. Alors on a la bonne idée de choisir Ellen Page en mode Beyond: Two Souls / The Last of us, c'est presque trop facile d'ailleurs, tant dans l'idée elle contrebalance le caractère de sa grande sœur. Deux femmes qui retrouvent la solitude et l'envie de vivre ensemble - mais surtout ne pas mourir seul. Jamais le récit de ces deux âmes esseulées ne montre le vrai problème de cet espoir à l'agonie : il n'y a plus d'électricité. Non, le plus important, c'est à quel point elles s'aiment et s'aident dans la difficulté et à quel point leur relation est tenace et peut vaincre n'importe quoi, n'importe qui, et ce malgré les torrents d'injustice de la vie. Plus d'électricité ? La vie ne s'arrête pas à ça. Et si on s'offrait la chance de s'en sortir, toutes les deux ?
Sauf qu'il ne s'y passe rien. Ce sont les entrailles d'une toute petite aventure meurtrie par un imaginaire absent. C'est intimiste dans le néant. Et pour booster l'émoi du spectateur et son adhésion aux deux femmes, la réalisatrice se sent obligée d'ajouter un drame qui n'a ni queue ni tête, comme tous les micro-événements qui surviennent dans l'intrigue. Alors le fameux coup de l'homme, qui dans la solitude des êtres derniers vient épancher sur son corps la fin d'un monde. C'est sûrement le récit le moins crédible de l'année, et c'est de ce point de vue une grande réussite vu que l'intégralité se passe dans une cabane dans les bois. Une immense déception si l'attente avait été au rendez-vous. Tout est tellement énorme, sans subtilité, d'une sensibilité morne et sans reflets. Les questions centrales du film, la descendance, que laisse-t-on derrière nous, de quoi a-t-on besoin pour vivre, qu'est-ce qui fait la nature de l'homme, comment renaître et se contempler à nouveau, tant de questions sans réponses et tant d'arbres qui bruissent pour n'en faire qu'un prétexte fallacieux. Bref, je suis furibard, car au lieu de voir Ellen Page seins nus dans des moments pseudo-sentimentaux suspendus dans le temps, j'aurais aimé de l'intérêt. Il n'y a rien. Même pas des trains à travers la plaine.