Are you certain what you wish is what you want?
Into The Woods a été pour moi une expérience satisfaisante. J'aurais voulu passer encore plus de temps dans ces bois. Dans le deuxième "acte" on passe trop vite sur certains points que j'aurais voulu voir plus approfondis. Par rapport à la version théâtre on y perd c'est certain.
Cela étant dit, la variété de personnages proposés est grande, et peuvent tous se vanter d'avoir leur moment, c'est souvent très drôle, l'intrigue est bourrée de retournements de situation, ça fait réfléchir, c'est triste aussi, la direction artistique m'a plu, c'est musicalement superbe, les mélodies mélancoliques particulièrement. Les textes des chansons sont tout en allitérations et jeux de mots (qui seront sûrement perdus dans la traduction des sous-titres), très difficile à chanter et pourtant pas un acteur n'a à rougir de sa prestation. Emily Blunt est une véritable découverte musicale.
L'équilibre de l'oeuvre est fragile, je le ressens, mais il est là. "Giants in the Sky" et "I Know Things Now" ne marchent pas aussi bien que sur une scène de théâtre mais des efforts ont été faits pour les rendre un peu plus visuelles. Ce sont les moments les plus faibles pour moi. Sur le nombre de chansons proposées (17-18), c'est un excellent score.
J'ai adoré le long numéro d'ouverture, "It Takes Two" est ensuite un joli moment très tendre entre le Boulanger et sa femme, dans "On the Steps of the Palace" Anna Kendrick s'en donne à coeur joie et c'est très communicatif, "Agony" sort du lot par son ton décalé assumé, "No One Is Alone" m'a beaucoup ému.
Comme les meilleurs contes, Into The Woods ne simplifie pas le voyage de ses personnages. L'auteur James Lapine a compris que plus ils souffrent, plus ils ressortiront grandi de ces bois. C'est un conte de fées moderne pour le monde complexe et difficile qui attend les enfants et les adultes d'aujourd'hui. Mais Into The Woods est plus que ses contes de fées. C'est une histoire sur les relations parents/enfants. Doutes et erreurs des parents, désirs d'émancipation des enfants, et la grande question de l'ensemble du film: est-on condamné à répéter les erreurs de nos parents? L'absence de condescendance dans le propos est comme une bouffée d'air frais.
Dans le genre exclusivement anglo-saxon de la comédie musicale au cinéma, Into The Woods n'est pas le déballage de bons sentiments que peut l'être The Sound of Music, ce n'est pas non plus la machine à tubes que peut être Moulin Rouge!, ce n'est pas l'innocence de Mamma Mia!, ce n'est pas l'épique des Misérables, ce n'est pas non plus les numéros dansés à la Singin' in the Rain. Non, c'est son propre univers, intime, mystérieux, et d'un âge des musicals postmodernes qui se servent des paillettes de l'âge d'or pour en saupoudrer sur la cruauté humaine. Et ça, ça me plaît beaucoup.