Il est loin le temps des grandes comédies musicales qui étaient cinématographiquement riches et de qualités qui en ont même marquées leurs époques je pense notamment à Singin' in the Rain ou West Side Story pour ne citer qu'elles. Aujourd'hui cela doit bien faire 20 ans que l'on a pas eu une vraie comédie musicale digne de ce nom, devant ce contenter du médiocre Sweeney Todd de Burton, du pas terrible Moulin Rouge de Luhrmann ou encore du mauvais Nine de Rob Marshall, le réalisateur qui nous intéresse ici et qui n'a qu'un seul film intéressant dans sa carrière, le sympathique Chicago. Autant dire qu'avec lui aux commandes les choses étaient mal parties surtout pour un genre aussi mal traité que la comédie musicale dont on a encore en mémoire la très faible adaptation des Misérables par Tom Hooper sortie deux ans plus tôt, ce qui fait que je n'étais pas des plus impatients pour revoir une comédie musicale mais pourtant quelque chose m'a attiré dans celle qui va nous intéressé pour cette critique.
Tiré d'un spectacle musical de Broadway, il mélange les personnages et les intrigues des contes pour enfants pour en faire une relecture judicieuse et plus sombre pour en plus s'inscrire dans l'actualité selon les dires de l'équipe du film. Sur le papier tout cela est alléchant et effectivement certains des thèmes exploités par le film sont vraiment pertinents et intelligents mais voilà il y a une différence entre l'idée et son traitement comme nous le prouve si bien ce film. Dans l'idée le film pose des questions intéressantes comme la différence entre le souhait et le vouloir, est-ce que ce que l'on souhaite est vraiment ce que l'on veut ? Et c'est avec cette question que devront se débattre tout les personnages, ceux qui ont leurs souhaits en accord avec leurs vouloirs ce trouveront récompensés tandis que les autres finiront par mourir et c'est la que le film se fait beaucoup trop moralisateur et trop maladroit dans son exécution. Les personnages d'ailleurs ne sont pas inintéressant, les personnages féminins principaux sont relativement réussis même si au final la morale que le film véhicule est rebutante car selon lui pour survivre il faut être une gentille femme au foyer sans réel ambition. Cendrillon était donc une fille qui voulait se sortir de l'enfer de son foyer mais elle ne voulait pas non plus de la vie de princesse que pouvait lui proposer le Prince, ce qu'elle souhaitait et ce qu'elle voulait c'était une vie rangée et sans vagues car au fond " elle aime bien faire le ménage " comme elle le dit elle-même ce qui fait qu'au final elle deviendra sans doute la bonne mère et la parfaite épouse dans la version anti-féministe que cela peut avoir car c'est ce que n'a pas pu être la femme du boulanger. Elle, elle souhaitait être cette femme parfaite et avoir un enfant car elle croyait que cela pourrait la faire rentrer dans les conventions de l’époque mais ce qu'elle veut vraiment n'est pas ça, elle veut des aventures, elle veut pouvoir s'évader du quotidien, elle veut pouvoir être pleinement ce qu'elle a envie d'être sans donner des comptes à personnes. Elle n'a probablement jamais vraiment aimé son mari, elle ne voulait au final pas de cette enfant, c'est une femme indépendante et forte, c'est une femme moderne. Et le film va donc opposer cette vision moderne et ancienne de la femme et il est dommage de voir que c'est cette vision moderne qui perd au nom de la subjectivité. Car le film expose aussi autre chose d'intéressant, que il n'y a pas de bien ni de mal, que tout est question de point de vue et parfois ses différents point de vue sont menés à s'affronter. Et le film pose donc aussi un constat assez intéressant sur la différence en elle-même mais même si cela est relativement intelligent dans l'idée, son traitement en sera aussi tellement maladroit qu'il en prône la violence. A la fin du film, la géante est malheureuse et veut venger la mort de son mari, son point de vue s'affronte avec les autres personnages qui veulent protégé l'enfant responsable de cette mort par sa cupidité. D'ailleurs le film est assez judicieux quand il traite de la culpabilité et que la recherche d'un coupable et veine car nous sommes tous plus ou moins responsables des actes qui nous entourent. Donc on a deux points de vue qui s'affrontent mais au lieu de trouver un terrain d'entente et d'essayer d'apaiser le malheur de la géante en essayant de communiquer, ils décident tous simplement de la tuer. Surtout que leur chanson résume bien cela et dit en gros, elle pense pas comme nous alors unissons nous pour la tuer, pour un film qui voulait faire passer un message sur la différence c'est plutôt maladroit d'avoir un tel raisonnement. C'est comme pour la femme du boulanger, est-ce qu'elle méritait vraiment la mort parce qu'elle a fauté ? Bien sûr que nan mais dans la subjectivité que nous impose le film elle doit mourir car elle est fautive et non pas le Prince qui l'a charmé. Car pour en revenir aux personnages et plus précisément aux hommes du film, le Prince lui n'est pas fautif car ce qu'il souhaite et ce qu'il veut c'est charmer et posséder donc dans la logique du film qu'il charme la femme du boulanger n'est pas grave, ce qui est grave c'est que elle se laisse charmer car même si c'est qu'elle voulait ce n'est pas ce qu'elle a souhaiter donc c'est la que le message du film se mord la queue et devient insultant. Si tu es un menteur manipulateur ce n'est pas grave t'en que tu t'accepte mais si tu es une femme bloqué dans une situation ou tu ne sais pas choisir entre ta vie de famille et tes envies de liberté alors c'est pas bien il faut que tu meurs ! Il y a quelque chose de vraiment pervers dans ce message car lorsque l'on voit ce qu'il veut nous dire il n'est pas entièrement faux et il est louable dans le fond mais c'est la manière de le dire qui est pourri jusqu'à l'os. Le seul véritable personnage qui n'est pas entaché par une morale douteuse et celui du personnage principal, le Boulanger qui veut affronter ses peurs de la paternité pour être un meilleur père que ne l'avait été son père ce qui pose un joli propos sur la destiné mais c'est relativement discret même si ça à le mérite de bien être traité.
Pour ce qui est du reste, en plus des messages troubles et mal exposés, il y a beaucoup trop de personnages ce qui fait que le film tombe dans des sous intrigues inutiles qui font dans la digression, notamment ce qui entoure le petit chaperon rouge et Raiponce qui aurait clairement pu être enlevé du film car celui-ci est bien trop long à cause de ça surtout qu'il a énormément de problèmes de rythmes ce qui fait que l'on s’ennuiera énormément surtout dans une première partie répétitive qui tourne en rond en exploitant encore et encore les mêmes situations ( le coup de l'évasion du bal qui nous est servi trois fois bonjour ! ). Sinon le personnage de la sorcière devient aussi assez vite inutile notamment dans la seconde partie ou elle perd toute cohérence pour que sa fin soit en plus un véritable pétard mouillé tellement ridicule qu'après ça on sait plus trop ou ce mettre. Même si elle lance l'histoire après ça ses apparitions sont plus que dispensable et son histoire peut se résumer par en faite je voulais pas être belle mais juste une bonne mère aimé par sa fille. Donc c'est pas originale et ils auraient pu donc réduire ses apparitions cela aurait permis d'aérer le récit. Sinon globalement les chansons sont faibles et peu mémorables mis à part peut être Agony des Princes qui se montre très satirique et savoureusement ridicule. D'ailleurs le film porte un regard assez satirique des contes, ce qui n'est pas inintéressant et la noirceur qui se dégage du récit est inattendu et bienvenu.
Pour ce qui est du casting celui-ci n'est pas pleinement convaincant, on a le droit a beaucoup de cabotinage, certains sont savoureux comme celui de Chris Pine qui ici ce montre vraiment bon, parfois c'est insignifiant comme celui de Meryl Streep qui est égal à elle-même mais sa place assez étrange dans le récit font qu'elle se montre souvent déconnecté du reste et le cabotinage de Johnny Depp est atroce. Je commence vraiment à tomber allergique de l'acteur qui fait encore et encore les mêmes mimiques et qui est en sur-jeu complet. Il ferait bien de changer de registre ça ne lui ferait pas de mal. Sinon James Corden à parfois du mal à suivre que ce soit dans le chant ou dans sa performance bancale surtout que c'est dommage car c'est bien lui qui a le plus à jouer mais pour contrebalancer Emily Blunt est excellente montrant ses talents de chanteuse combiné à sa justesse de jeu et Anna Kendrick est parfaite dans ce rôle qui lui permet de mettre en avant tout ses talents.
Pour ce qui est de la réalisation, la photographie est léchée, le montage quelconque et la musique insignifiante et tout cela ce combine à la mise en scène sans âme de Rob Marshall. Elle est kitsch, elle tombe souvent dans le ridicule comme l'affrontement final qui fait peine à voir et elle manque cruellement d'ambitions. Elle est très plan-plan comme si chaque passages étaient une pièce de théâtre mais ici on est au cinéma et on est en droit d'attendre de la majesté dans la mise en scène d'un tel film, ce qu'il n'y a jamais. C'est au final très paresseux et ça ne fait qu'accentuer l'ennui que l'on peut ressentir devant le film.
En conclusion Into the Woods est un mauvais film, jamais divertissant et n'étant pas capable d'offrir de chansons digne de ce nom il échoue dans ses intentions premières. Néanmoins le film dispose de bonnes idées qui font qu'il connait quelques fulgurances lorsque celles-ci sont correctement exploités mais ce n'est que rarement le cas. En des mains plus compétentes cela aurait pu faire un bon film mais ici c'est trop maladroit pour fonctionner. Car les intentions ne sont clairement pas mauvaises mais on sait tous ce que l'on dit sur les bonnes intentions et ici cela résume parfaitement le film qui fait l’amalgame entre une idée et son traitement. Néanmoins la satire est bien pensé on arrive même parfois à sourire, la noirceur bienvenu et certains membres du casting arrive vraiment à faire vivre l'ensemble. Par contre dans la course au Oscars le film ne mérite selon moi aucune récompenses.
Frédéric_Perrinot
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le 31 janv. 2015

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