Les films ultramédiatisés, étant des immenses succès à leur sortie, je ne les vois que des années après. "Intouchables" n'a pas fait exception. Je l'ai découvert plus de six ans après sa sortie.


J’ai du mal à le reconnaître, mais j’ai adoré « Intouchables » qui fait très fort : ses dialogues très inspirés, ses répliques ciselés, son duo très attachant – des comédiens naturels, parfaits, une sublime bande-originale (que j’écoute en écrivant ces lignes).
« Intouchables » est censé raconter une histoire sur quinze ans, évidemment en moins de deux heures, c’est un peu compliqué et on ne voit pas trop où les scénaristes – réalisateurs veulent en venir, en enchaînant les scènes comme presque autant de sketches, sans véritable fil conducteur, jusqu’à la dernière scène, pleine d’espoir. Il va très vite, au bout de deux scènes (si on enlève celle du pré-générique à la fois dramatique et finalement euphorique), Driss : le personnage incarné par Omar Sy est engagé par Philippe incarné par François Cluzet. Pour Omar Sy, ça va aller très vite. En moins de vingt minutes de film, il est déjà super pote avec lui.
Et le film va être comme cela pendant près de deux heures : compiler les scènes, comme autant d’anecdotes, et quelques petits fils rouges néanmoins. La plupart des scènes aurait pu être monter dans un autre ordre, que ça n’aurait sans doute rien changer. C’est cela qui m’as vraiment gêner : la réalisation : la plupart des scènes ne durent même pas deux minutes, comme celle, célèbre du saut en parachute qui est très courte : en quelques plans, c’est torché.
J’aime que les plans, les scènes durent : comme celle du café qui dure environ ou un peu plus de quatre minutes : là, on as le temps de vraiment identifier les personnages. Il aurait fallu que les scénaristes prennent vraiment plus de temps pour les personnages, au lieu de leur faire enchaîner les petites mésaventures.
Et « Intouchables » à quelques sous-intrigues qui ne servent à rien, comme celle autour de la fille de Philippe, qui as fait une overdose médicamenteuse à cause de son ex petit ami. Driss arrange cela en une seule scène. Ils ont à peine exploiter la relation père-fille.
Et c’est peut être mieux ainsi. Le film est surtout centré sur le duo, il laisse les personnages secondaires vraiment de côté. Et la plupart de leurs scènes sont excellentes.
Le film est très souvent drôle, parfois et soudainement émouvant. La rencontre, le récit de l’amitié entre ces deux personnes que tout oppose, qui n’ont rien en commun vaut le détour : d’un côté, on as un type tétraplégique ayant un goût pour la déprime et la solitude et de l’autre, un jeune gars des banlieue optimiste et franc du collier.
La complicité entre François Cluzet et Omar Sy crève les yeux : il est clair que les deux acteurs s’amusent – et j’ai l’impression que plusieurs séquences et dialogues ont été improvisés par eux.
Et lorsqu’on les voit s’amuser entre eux, c’est une transmission envers eux, car personnellement, ça m’as fait du bien de les voir au diapason tout les deux.
« Intouchables » est un film optimiste, vraiment pas prise de tête, le genre de films dans lesquels on peut oublier tout nos soucis (j’ai pensé à rien pendant une bonne partie du visionnage), qui donne du baume du cœur. Vraiment plein d’euphorie, plein de vie.
Le film est très malin : il prends à rebours le thème du handicap. Lorsqu’on voit une personne comme Philippe : nous nous apitoyons sur son sort. Mais jamais le film ne part dans ce sens, et ce que dit clairement Philippe : il as engagé Driss justement car il le traite comme si il était une personne comme une autre. Il le malmène, il l’insulte, il se montre violent, négligeant, je m’en foutiste : « C’est exactement ce qu’il me faut. ».
Marre qu’on lui montre de la pitié, marre d’être traité différemment, marre qu’on le voit en tant qu’handicapé : Driss le réveille. Le secoue. L’encourage à reprendre le chemin de la Vie, de l’amour. « Une relation épistolaire ? Mais appelle là ! », dit Driss à Philippe qui échange par correspondance avec une femme depuis six mois.
Et ainsi Philippe est confronté à la réalité, à aller de l’avant.
« Intouchables » qui refuse de faire la moindre morale est pourtant une leçon de vie. Une leçon de vie optimiste. Comment redevenir vivant ? C’est par les rencontres, soudaines, spontanées, que l’on peut reprendre goût à la vie.


Vers la fin du film, Driss doit partir, laissant Philippe entre les mains de remplaçants incompétents et Driss est contraint de revenir et, pour le final, il as une petite surprise qui changera pour toujours la suite de sa vie.


Ce que j’ai adoré le plus dans ce film : ce sont les perles envoyés par Driss envers Philippe : des moqueries, jamais méchantes : comme cette séquence à l’opéra, où Driss éclate de rire en voyant le costume de l’acteur sur scène, Philippe se met à rire aussi. Où cette séquence, à la fin où Driss rase Philippe et lui essaye différentes styles de barbe : comme la moustache d’Hitler : c’est complètement barge (ce qui m'a valut un bon éclat de rire).
Le film, grâce au délires de Driss, est souvent joyeusement (évidemment) foutraque : c’est du n’importe quoi, un truc bien barré. Et justement, j’ai eu plus l’impression que ce film était une ode à Omar Sy, qui apparaît dans pratiquement toutes les scènes, au détriment de François Cluzet qui as finalement très peu de place, étant presque son faire-valoir avec une histoire finalement très peu construite par rapport à celle du personnage d’Omar Sy : c’est vraiment dommage.
Je me demandais comment le film allait finir. En cumulant autant de scènes, je me demandais vraiment où les auteurs du film allaient me conduire. Et lorsque la dernière scène apparaît (enfin), on comprends mieux et on replace presque toutes les scènes du film, dans un sens bien particulier. Oui, Driss à redonné de la vie, de l’espoir et aussi lui as permis de rencontrer l’amour, à Philippe. Et ce dernier, en sera pour toujours reconnaissant. Driss est peut être finalement un Ange, comme le suggère le tout dernier plan du film


, où il s’en vas, comme après avoir rempli une mission, laissant Philippe heureux avec une nouvelle et belle rencontre.


« Intouchables » est sans doute très lourd pour montrer la situation du personnage de Driss, donne un regard réaliste sur la banlieue. Et lorsqu’il as été réclamé une signature pour pouvoir toucher de nouveau les Assedic, il ne s’attendait sûrement pas à vivre une aventure Humaine de quinze ans, qui le changera à jamais. Qui lui fera devenir une toute autre personne. Un homme en quelque sorte.
Le film, par ailleurs, à son casting de charme, à commencer par Audrey Fleurot, qui incarne la secrétaire de Philippe. Rouquine (que je connais dans « Kaamelott » où elle fut la Dame du Lac et plus connue pour la série « Le village français ») au visage un peu atypique, et aux formes généreuses, qui fait son job. Et la jeune actrice, quinze ans, au visage de bout de chou qui incarne la fille adolescente de Philippe.
Côté réalisation : Toledano et Nakache, outre leur montage très cut pénible, n’ont sans doute pas révolutionner les mouvements de caméra avec ce film, signant une réalisation impersonnelle : à coups de cadrages peu originaux, très classiques, et une caméra presque tout le temps mouvante, comme pour capturer la vie. J’ai apprécié, par contre, leurs plans fixes sans la moindre musique, prouvant qu’il n’y a franchement pas besoin de fond musical pour saisir l’émotion d’une scène.
Justement la bande-originale signée Ludovico Einaudi (que je ne connaissais pas) est vraiment très belle. Le piano, les notes un peu stressantes et mélancoliques pour les scènes de banlieues, sont très bien placées. Il as signé une bande-originale très sensible, émouvante et en même temps, comme le film, remplie d’espoir.

Créée

le 6 août 2021

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Derrick528

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