Février 2008, sortie de la comédie qui s'inscrira comme le plus gros succès français au box-office dans l'hexagone. 2 ans plus tard, Dany Boon remet le couvert, signant le film le plus vu en salle en 2011. Au regard de la qualité des deux films, on est en droit de penser que le terme de comédie populaire est quelque peu entaché. On savait le pitch du banlieusard et du tétra casse-gueule. Mais quand la critique a crié à la comédie de l'année au sortir des séances presse de "Intouchables", les craintes sont encore montées d'un cran. Lorsque le film démarre sur les chapeaux de roues par une course-poursuite dans un Paris de nuit, sur la musique enivrante de Einaudi, toute appréhension s'efface. Si les deux compères à l'écran sont intouchables, nous, spectateurs, nous ne le sommes pas.

Passées les premières minutes, où l'on a la désagréable impression de voir défiler tous les extraits issus du matraquage promotionnel du film, on se laisse emporter par cette amitié naissante entre ces deux hommes que tout oppose. Tout, à part peut-être un sens de l'humour aigu. Si la rencontre atypique de ces deux mondes, l'aristocrate handicapéd'un côté et l'immigré de l'autre, est sujette aux clichés, ce canevas éculé tire son originalité de par l'humour ravageur qui fait mouche à chaque réplique. Un festival de vannes qui n'hésite jamais à se moquer d'un sujet grave.

On passe du rire aux larmes sans passer par la case pathos. Une réplique de Cluzet parlant d'Omar vient conforter cette idée : « S'il est là, c'est parce qu'il ne ressent aucune pitié envers moi ». À l'instar de Driss, on ne s'apitoie pas. Il y a une certaine magie dans "Intouchables". La magie de nous faire oublier que ses deux protagonistes sont victimes de discrimination sociale : l'un, par son handicap, l'autre, par son origine. La magie de nous faire garder le sourire à chaque moment. La magie de ressentir la mélancolie de ces deux hommes sans écueil larmoyant.

Une magie rendue possible par des acteurs de talent, dont la collaboration apparaît ici comme une évidence. Comment résister au charme savoureux de ce duo ? François Cluzet, qui n'a plus rien à prouver au cinéma français, véhicule plus d'émotions d'un simple regard que s'il avait la liberté de bouger ses quatre membres à sa guise. Quant à Omar, on succombe à ses sourires enfantins, doublés de ce rire si communicatif. Les deux acteurs affichent une complicité naturelle, une amitié sincère, jusqu'à créer le manque chez l'un lorsque le second est absent.

Lentement, parfois de manière très discrète, chacun apprend de l'autre. Les plaisirs de la vie reprennent leur saveur pour l'un, tandis que l'autre s'ouvre à un monde qu'il pensait hors de portée. Une relation basée sur le partage. À l'image de ce blind-test musical auquel ils s'adonnent, faisant découvrir à chacun leurs gouts respectifs. Ecorchés, ils se comprennent, mais surtout ils s'éduquent.

Le duo Toledano-Nakache est habitué à nous faire rire. Mais il le faisait en terrain connu. Qu'ils nous emmènent en colonie, ou qu'il dresse le portrait d'une famille aux mœurs particulières, ils maitrisaient leur sujet. S'attaquant désormais à l'histoire de Philippe Pozzo di Borgo, ils s'engageaient sur une pente pour le moins glissante. Mais leur humour fait leur force. Servi par des acteurs exceptionnels, "Intouchables" est une fable magnifique, loin des discours satyriques et moralisateurs. Ce n'est pas seulement la comédie de l'année, c'est le film qu'il ne faut manquer sous aucun prétexte.
Cinexclu
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le 27 nov. 2011

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