Quatrième adaptation du fameux roman de Jack Finney "L'invasion des profanateurs de sépultures" après le premier film de Don Siegel, son remake des années 70 (sûrement le plus connu) ainsi qu'une troisième par Abel Ferrera dans les années 90, Invasion ne réinventera pas le genre et reste tout au plus un énième film de science-fiction se laissant regarder malgré quelques baisses de rythme par-ci par-là, un nouveau scénario vaguement inspiré par La Guerre des Mondes de Spielberg et une constante volonté à la prise de conscience de notre monde horrible. C'en devient lassant mais qu'importe : le spectacle avant tout...
Et pour le coup, Invasion joue la carte de la surenchère par tous les moyens : des scènes d'action bourrées d'effets spéciaux au casting quatre étoiles, on sait où sont partis les 65 millions de dollars de budget. Mené par une Nicole Kidman déjà bien rodée au film de genre depuis Les Autres, un Jeremy Northam inquiétant et un Daniel Craig tout en finesse, le film contient suffisamment de tension et de séquences dites 'choc' pour satisfaire le spectateur lambda. Malheureusement cela ne suffit pas à faire de cette nouvelle adaptation une œuvre foncièrement marquante, la faute à une mise en scène bâtarde oscillant entre plans posés (tels que le voulait Hirschbiegel) et montage épileptique hollywoodien où le rendu final contenant certes moult effets spéciaux mais où tout sonne hélas faux, sans âme et agrémenté de dialogues explicatifs poussifs pour nous autres spectateurs stupides.
Ainsi, telle une coquille vide, le long-métrage n'impressionne jamais et l'on ne sera jamais happé par cette intrigue pourtant effrayante de contrôle du monde par des entités extra-terrestres prenant peu à peu le contrôle des habitants terriens. Cette inégalité est à remettre aux producteurs qui, peu satisfaits du résultat final du réalisateur allemand Oliver Hirschbiegel (L'Expérience, La Chute), ont eu recours aux services des Wachowski pour réécrire le script et à leur protégé James McTeigue, qui avait déjà réalisé V pour Vendetta, afin de retourner certaines scènes et de dynamiser ce qui semblait être une adaptation plus posée et inquiétante. Un projet maudit ? À peu de choses près oui. Une semi-déception donc, qui marque un passage Outre-Atlantique raté pour le pourtant brillant Hirschbiegel.