Parmi les productions actuelles rentables, beaucoup tournent autour du Torture porn (Saw et cie) ou du real-life superhero (Defendor, Super, Kick-Ass, Hobo with a Shotgun), et c'est dans cette optique que s'est lancé Young-doo Oh, qui tient ici la casquette de réalisateur et scénariste. Mais tout comme Koji Shiraishi l'avait fait récemment fait avec Grotesque, Young-doo s'est aventuré sur le terrain de la parodie décomplexée, qui en plus de tourner les genres précédemment cités en dérision, s'amuse d'autres, dont les films d'Arts Martiaux, mais aussi les dramas, style de comédie sentimentale très en vogue en Asie.
En résulte quelque chose de jouissif, intelligent et débile à la fois, faisant passer Takashi Miike pour un vieux roublard complètement obsolète.
Notre héros dépasse toutes les limites du ridicule, exécutant des chorégraphies (qui parodient à l'occasion le Sentaï [cf Bioman]) façon matador sur fond de musique latine, arborant un blouson jaune flashy et une fausse moustache qui passe son temps à se décoller. Néanmoins pas emmanché (enfin pas encore, vous comprendrez en lisant la suite), il maîtrise les arts martiaux et c'est avec une certaines grâce qu'il mettra au tapis les loubards qui tentent d'agresser une jeune femme en apparence inoffensive. La ramenant chez lui, s'en suit un jeu de séduction désopilant d'un trentenaire puceau qui se réserve pour le grand amour, mais si c'était elle son grand amour ? Les choses déchantent pour lui, et tout se transforme subitement en Torture porn durant lequel notre belle extra-terrestre tentera par tous les moyens de s'emparer de sa semence.
Comme pour s'acquitter de toute forme de fantasme, la chose commence par une fellation goulue, avant que les joyeusetés pointes réellement le bout de leur nez. Vous vous en doutez, la torture comme l'on y est habitué est laissée de côté, et les scènes hilarantes se suivent, dont un jeu avec un plumeau qui termina dans le cul de notre pauvre homme vierge.
Cependant ici s'arrêteront les descriptions, afin de ne pas vous gâcher l'effet de surprise.

Bref, Invasion of Alien Bikini est une production mindfuck excellente, barrée et jubilatoire, et c'est un réel bonheur de voir un pitch absurde être pour une fois maîtrisé de A à Z.
Young-doo s'éclate dans la mise en scène, nous servant certains plans assez crèves-cul lors des scènes de combats (assez bien chorégraphiés soit dit en passant, sans évidemment atteindre le niveau d'un Woo Ping), et monte le tout de façon toute autant inspirée, usant du style cartoon pour nous offrir des passages singeant The Mask (personnages accélérés). On ne sait trop pourquoi, un « to be continued » apparaît au bout d'une vingtaine de minutes, étant coupé par un très court spot pour Rolex, du pur délire.
Des clins d'œil subtils seront à noter, dont un enchaînement de pains contre trois adversaires rappelant le jeu de boxe en QTE auquel on pouvait jouer dans la salle d'arcade de Shenmue.
Pour soutenir les parties drama, Young-doo a recours à une bande-son se nourrissant des grands morceaux de la musique classique, dont La Sonate au clair de lune, également utilisée lors des scènes d'action, offrant une touche décalée mais pas si burlesque que ce contre-pied pourrait le laisser paraître (réveil d'un trauma sorti de nulle part, sous forme de flashback, très déstabilisant).
Étonnamment les acteurs arrivent à passer du cabotinage au jeu plutôt bien rodé, renforçant la puissance de l'ensemble, qui de façon assez abrupte enchaîne légèreté et gravité, une vraie réussite, surtout pour un B-movie.
Vu ce qui arrive à ce real-life superhero, ça calme tout de suite l'envie de jouer les justiciers, et Young-doo finit même par aller plus loin que Grotesque, décuplant la satire, et réussissant à faire de ce style quelque chose d'amusant au point de nous emmener jusqu'aux éclats de rire.
Chose à noter, le film n'a eu qu'un budget anorexique de 4300$, ce qui en plus du ton caricatural de l'œuvre, vient mettre une claque encore plus forte dans la tronche des grosses productions.
Pour conclure, les amoureux de cinéma Asiatique sortant du lot et tournant tous les genres bankables en dérision auront là un produit à ne pas laisser passer et qui leur laissera un souvenir impérissable. Bien que l'ensemble soit une parodie, il a été cependant calculé pour ne pas non plus déplaire aux publics qui en sont les habituels consommateurs; une véritable prouesse. Il est évident que ceux qui n'ont que peu d'affinités avec l'un ou l'autre des genres n'auront quant à eux peu d'intérêt à voir la pellicule, à moins qu'ils ne disposent d'une dose d'humour suffisamment importante pour se limiter à l'aspect caricatural.
Mention spécial pour Young Geun Hong, crédible dans son rôle, assurant dans toutes ses scènes, que ce soit l'acting ou la castagne, et vient ajouter son personnage au panthéon des real-life superheroes les plus efficaces et originaux. Three thumbs up !
SlashersHouse
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le 28 oct. 2011

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SlashersHouse

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