Invasion U.S.A. souscrit à cette peur d’une prolifération d’ennemis venue d’ailleurs, en l’occurrence ici des puissances communistes, telle qu’elle fut déclinée, entre autres, dans le cinéma d’épouvante et de science-fiction américain à partir des années 60, et thématisée par le critique et essayiste Jean-Baptiste Thoret dans son ouvrage Qu’elle était verte ma vallée (article « Horreur ») : les antagonistes se distinguent d’ailleurs du tout-venant des méchants par leur souci du camouflage, par le soin avec lequel ils se fondent dans le décor en remplaçant les honnêtes citoyens et les braves soldats. Dès lors, l’originalité de ce film sinon déplorable – tant par la complaisance avec laquelle il représente la violence que par la grossièreté des ficelles scénaristiques mobilisées et l’impersonnalité de la réalisation qui les figure – réside dans le « chasseur », le bien nommé Matt Hunter, qui affronte ce qui s’apparenterait à des soldats, à des policiers, à toute cette force armée dont il fit partie autrefois. En lui se rejoue le stéréotype du vengeur solitaire soucieux, par ses actions brutales, de rétablir équilibre et justice, deux notions redéfinies pour l’occasion non pas par le protagoniste mais par le long métrage lui-même. Sous le prétexte d’une « invasion » se dessinent davantage les contours de la paranoïa d’un pays ainsi que de la projection dans l’étranger de sa violence endogène.