Quelques mois avant de s'atteler à son chef-d’œuvre ultime (et aussi son plus gros navet), Wes Craven retourne à la télévision et signe un petit film fantastique pour le compte de ABC. Diffusé en mai 1984 Outre-Atlantique, Invitation pour l'Enfer sort directement en vidéo chez nous l'année suivante et, s'il n'est en rien une pièce maîtresse de sa filmographie, témoigne du savoir-faire aléatoire de Wes Craven.
Nous suivons l'arrivée de Matt Winslow (Robert Urich) et de sa petite famille (notamment composée des jeunes Barret Oliver et Soleil Moon Frye) dans un quartier pavillonnaire de Californie où monsieur, ingénieur en technologies futuristes, vient d'avoir un poste gratifiant au sein d'une puissante entreprise. Ici, tout le monde est inscrit au Country Club local, dirigé par la plantureuse Jessica Jones (Susan Lucci, star de la série "La Force du destin"), au point que même Patricia (Joanna Cassidy), la femme de Matt, veuille absolument s'y inscrire. Mais ce dernier s'avère de plus en plus septique quant à ce Club mystérieux qui semble changer la personnalité des personnes qui s'y trouvent.
Un pitch digne de la "Quatrième Dimension", scénarisé par le futur auteur de Universal Soldier, mis en images de manière un brin cheap et formaté pour la TV mais non dénué d'une certaine efficacité dans son traitement, le suspense grandissant au fur et à mesure que notre héros tente de percer à jour les motivations diaboliques de la propriétaire du Steaming Springs Country Club. Dénué de gore ou de réels effets surprenants (si ce n'est une scène d'introduction gratuite, débile et mal fichue, probablement rajoutée au dernier moment), Invitation pour l'Enfer vaut surtout pour son histoire machiavélique et son atmosphère pesante, que Craven réussit à exploiter correctement.
On grincera des dents quant à certaines séquences un brin cafouilleuses et le personnage hautement agaçant de Mme Winslow tandis que le concept-même de cette combinaison spatiale expérimentale prête volontiers à sourire, bien qu'il soit utile à l'intrigue. Cependant, ne serait-ce que pour le final baroque et surréaliste et l'excellente performance de Robert Urich, Invitation pour l'Enfer vaut le coup d'œil, une fois la mise en scène télévisuelle et le manque de budget conséquent digéré. Fans de cinéma fantastique, ne vous privez de cette petite réussite à classer parmi les meilleurs efforts du réalisateur de La Colline a des Yeux.