Art partial
Dans le genre des films d’arts martiaux, Ip Man occupe la place sérieuse. La figure du Kung Fu est ainsi présentée comme l’archétype du maitre à ce point concerné par sa discipline qu’il refuse d’en...
le 27 juin 2020
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N’ayant pas trouvé mon bonheur dans les films de Jet Li, je me suis dit que ce serait peut-être le cas avec ceux de Donnie Yen. Un peu moins connu que ses confrères, il a quand même joué de nombreuses fois auprès de Jet Li et Jackie Chan. Il a moins souvent tenu un rôle principal, jusqu’à ces dernières années, et j’ai été surpris de voir que parmi ces films-ci, le plus réputé est tout récent : Ip man, sorti en 2008. Alors que Donnie Yen avait déjà 45 ans.
Le film débute en 1935, dans la ville de Fo Shan en Chine, réputée pour ses arts martiaux. On nous explique la population ayant un niveau de vie aisé, la plupart pratiquent le kung-fu comme un hobby, et les écoles ne manquent pas. C’est étonnant, mais l’histoire est basée sur des faits réels, et le héros, Ip Man, a réellement existé. C’est un grand maître qui a popularisé le style Wing Chun, et a été un des mentors de Bruce Lee.
J’ignore si ce que ce film-ci relate correspond vraiment à la réalité, mais ça m’a donné envie de me renseigner sur Ip Man.
Une icône dans son pays, on le représente respecté de tous, et le film en fait un personnage honorable, diplomatique, et généreux à l’extrême. Il remet à leur place des mécréants par des répliques attestant simplement d’un savoir-vivre sans pareil : "As-tu peur de ta femme, Ip ?" – "Aucun homme n’a peur de sa femme… Il n’y a que des hommes qui respectent leur femme" (buuuuurn !)
Bon, c’est quand même un peu agaçant de voir Donnie Yen tout sourire, arborer ses dents à la blancheur digne d’une pub pour dentifrice, même quand on lui fait des reproches.
Son seul petit défaut, c’est qu’il néglige sa famille au profit de ses pairs.
Le film de Wilson Yip traite au passage du choc entre les arts ancestraux et la modernité, représentée par les armes à feux. Ca s’exprime de façon un peu plus directe que dans Il était une fois en Chine, et je trouve ça plus intéressant, puisque le héros, à mains nues, est littéralement confronté à un flingue qu’on pointe vers son visage.
Ce qui est plus surprenant, c’est que le film dérive vers le drame, en représentant ensuite l’invasion Japonaise en 1937. Ip Man et sa famille se retrouvent à la rue, et il est question de survie en temps de guerre.
L’aspect tragique est étonnamment efficace, parce qu’on sent que les scénaristes ne se sont pas uniquement souciés de faire un film d’arts martiaux, ils tiennent aussi à raconter autre chose à côté, et les personnages sont suffisamment bien traités pour que leur sort nous importe.
Je trouvais pourtant au départ que l’intrigue ne servait qu’à trouver des prétextes aux combats. Comme dans une grande majorité des films de kung-fu, il est question d’affrontements entre des écoles, ou entre deux maîtres… Je ne sais pas si c’est volontaire de la part des scénaristes, mais je trouve ça pertinent de montrer ce type d’affrontement futile au départ, pour changer la donne ensuite en temps de guerre, où les personnages doivent se battre pour leur survie : contre les criminels qui veulent les dévaliser, ou contre les Japonais, que ce soit pour une question d’honneur ou pour avoir de quoi manger.
La lutte pour l’indépendance de la Chine est représentée à petite échelle, puisque la lutte entre les deux nations est ramenée à des affrontements entre combattants dans un dojo : pour son plaisir personnel, un général Japonais propose aux Chinois de se battre contre ses hommes, pour gagner une ration de riz.
Et dans la façon de se battre du héros aussi, l’arrivée de la guerre amorce un changement.
Moi qui préfère les combats bruts où tous les coups sont permis, je trouvais le personnage d’Ip Man plus discipliné, et j’imaginais que le but du film serait plutôt de mettre en avant l’agilité et la vitesse de Donnie Yen.
Quand le maître se permet des fantaisies, en utilisant les objets autour de lui, c’est par nécessité, lorsque l’ennemi ne combat pas à la loyale. Ca évoque, évidemment, Jackie Chan, et on retrouve même là quelques touches d’humour agréables.
Mais quand des vies sont en jeu, ça devient putain de brutal, avec des membres brisés et des gueules éclatés.
Et ce que ça fait du bien !
Surtout que la réalisation met bien en valeur les combats la plupart du temps, en restant simple : des plans larges, des coupes pas trop nombreuses et bien placées. Il en faut pas plus.
Il y a quand même des moments un peu trop cut et avec des changements d’angles trop nombreux ou des cadrages trop serrés pour être lisibles. Et quelques usages de câbles et des accélérés évidents ; c’est dommage.
Mais par rapport à ça, Ip Man reste quand même bien au-dessus de la moyenne des films d’action.
Et plus généralement, il y a quelques plans bien trouvés, qui donnent au film un certain style, et une photographie assez soignée, malgré l’utilisation trop facile d’un étalonnage grisâtre lors de la guerre.
Malgré la bonne réputation de ce film, j’avais encore des doutes avant de le regarder, mais c’est effectivement un bon film d’action, ce qui est de plus en plus rares ces dernières années. Et après tous les films de kung-fu pourris que je me suis tapé récemment, ça fait plaisir.
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Créée
le 16 juil. 2016
Critique lue 383 fois
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