L'espionnage de Sa Majesté, le vrai. Si James Bond sonne un peu trop américain, ici c'est du 100% roastbeef, dans la pure tradition du film anglais : cru et marqué par le documentaire.
Les moindres gestes quotidiens de Michael Caine sont épluchés (la cafetière à piston, la préparation d'une omelette, les lunettes qu'on essuie...). Pas de gadgets, les espions sont plus proches du commissaire Moulin que de Mata-Hari : flingue de merde (même pas de Walter PPK), bagnole pourrave, bureau miteux, bastons molles et laborieuses.
Et ce n'est pas l'habituel Swinging London qu'on nous montre, mais une ville grise, presque sinistre (faut dire qu'il pleut comme vache qui pisse). Au mitan des sixties, les façades ne sont pas retapées et les rois du pétrole n'ont pas encore racheté la moitié de la ville.
Mais déjà la révolution est en marche, avec l'apparition des premiers supermarchés d'inspiration américaine, comme le déplore un des personnages (grande scène de supermarché au passage, Torpenn doit déjà être sur la brèche pour créer une liste).
Reste une constance de l'espion english, l'humour et le flegme, ça va cinq minutes de péter les codes et de briser les tabous...
A noter que Michael Caine a tourné cinq Harry Palmer, dont deux dans les années 90, ça doit être beau tiens.
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