On se demande parfois comment et surtout pourquoi le cinéma européen n'est pas capable de produire des films fantastiques de qualité, étant donnés les compétences disponibles sur notre bout de Terre et peut-être surtout la richesse du patrimoine culturel européen, vieux de plusieurs millénaires.
Irati s'affiche comme une réponse parfaite à cette lancinante complainte, validant toutes les exigences d'un film de qualité. Les décors, naturels comme artificiels, sont splendides. La direction d'acteurs est impeccable, et les acteurs répondent "présent" toutes les fois que l'histoire a besoin d'eux. L'histoire, passionnante, fusionne des faits historiques qui se perdent dans les brumes du passé chrétien de l'Europe, et une mythologie pré-chrétienne authentique qu'archéologues et ethnologues ont su ressusciter pour notre plus grand bonheur. Le film est tourné sur les lieux mêmes où s'était forgé ces mythes parlant de déesses souterraines, d'ogres cyclopéens, de nymphes chimériques, et le pacte qui les liait aux éléments naturels, expliquant orages, tremblements de terre et tutti quanti.
Les héros, simples et avenants, semblent réellement sortis d'un livre de contes, par la magie de la réalisation et le beau travail des acteurs. L'intrigue est faite de tragédie et de ces histoires d'amour impossibles que véhiculent les légendes dont les protagonistes vacillent entre la réalité et les reflets d'un monde fantastique.. Les combats sont rudes, sanglants même. Nous sommes les personnages, nous sommes de ce pays et de ce temps.
Le seul point gris que j'avancerais serai d'avoir choisi comme héros un prince, passant encore la brosse à reluire sur les atours (richement ornés) d'un "fils de" et reproduisant la propagande historique éternelle au service de la caste des puissants. Sans doute aurait-il été plus intéressant d'avoir en Eneko Arista un personnage de second plan observé et raconté par un homme ou une femme de plus simple statut, et destiné à rester dans les oubliettes de la renommée.
Une réussite incontestable que chacun peut souhaiter mettre au rang des beaux films qu'il a eu le plaisir de voir. Merci, Monsieur Urkijo.