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Depuis le temps que je voulais voir ce film, c'est seulement maintenant que j'ai eu la possibilité de le faire. Si j'ai vu Pater, il m'a laissé un peu pantois, parce que je ne m'attendais pas à ça, mais j'avais apprécié malgré tout et depuis que je l'ai vu je me suis dit de le revoir (d'ailleurs je me suis acheté le dvd qui traîne depuis presque un an maintenant). Par contre, impossible de trouver Irène, nulle part (et oui ça m'emmerdait). C'est finalement il y a quelques semaines qu'une petite salle de ciné club décide de le passer, le mercredi 4 décembre. Inutile de vous dire que je m'y suis précipité. Et que dire, si ce n'est que c'est unique et tellement beau?

Je crois pas que quelqu'un ait déjà fait ce genre de choses, aussi intimes sans jamais être vulgaire ou exhibitionniste. Non, on sent que Cavalier filme non pour "faire des films", il ne doit pas avoir un geste de créateur quand il filme avec sa DV, je pense qu'il filme comme ça, pour lui-même, comme pour faire un journal intime filmique. A ce moment-là, il y a un risque de gêner le public, après tout qu'en aurais-je à faire de la vie de cet homme? Sauf que non, ce n'est pas comme ça.

Je vais vous dire : je me suis senti comme un enfant au chevet de son grand-père, qui l'écoute attentivement raconter sa vie. C'est comme dans Flandres, on est ému parce que les émotions sont pures, on sait que tout cela est vrai. J'aurais pu le rencontrer dans la rue, le voir avec sa caméra.

C'est un film très généreux en fait. On ne peut pas atteindre cela avec des artifices. Lorsque Cavalier se casse la gueule dans les escaliers, qu'il se blesse j'y crois complètement. Je crois qu'une scène m'a marqué en particulier, celle où Cavalier se réveille le matin dans une chambre, et se confesse face au miroir, demande à Irène de le pardonner. Une scène longue et extrêmement forte, qui oserait aller aussi loin? Alain Cavalier a du courage de faire ce qu'il fait.

C'est un film devant lequel on se sent bien, qui est presque trop court (mais en même temps parfait). Contrairement au Journal Intime de Moretti qui m'avais laissé de marbre parce que trop artificiel justement, Cavalier m'emporte dans son histoire et je ne peux que l'en remercier. Même la fin, où il remercie quelques collaborateurs pour avoir sorti le film, ça m'émeut parce que je sens pour la dernière fois toute la grande modestie du bonhomme, qui est tout sauf nombriliste et égocentrique.

J'espère prolonger le plaisir de la meilleure des façons en regardant Le Filmeur (même si je risque d'avoir tout autant de mal à le trouver). Grand film unique en son genre lui-même unique.
Vaanille
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le 11 juin 2014

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