Saison après saison, les mots refroidissent.
J'ai beaucoup aimé ce film, mais il faut prévenir les éventuels spectateurs que c'est un objet très déroutant.
Depuis le début des années 2000, Alain Cavalier réalise ses films tout seul, à l'aide de sa seule caméra DV, se disant être un filmeur.
Il en résulte des films très abstraits, où sa voix assure la narration, au budget rachitique (une caméra DV, des cassettes, et c'est tout), mais dont la proximité a quelque chose de touchant.
Alain Cavalier, à l'aide de ses journaux intimes, revient sur la relation conflictuelle et forte qui l'unissait à Irène au début des années 70, jusqu'à un accident de voiture qui va l'emporter, laissant cet homme dans un profond désarroi. Ce que choisit de révéler Cavalier est très intime, car la lecture de ces carnets se fait sur un ton grave, filmant des pièces de la maison où ils vivaient, où les souvenirs se mêlent à une forme d'émotion. D' ailleurs, on voit plusieurs photos de cette Irène, femme très belle, et cachant pourtant de terribles secrets qui créeront des conflits entre elle et Cavalier...
Cela dit, c'est asse court, mais le film peut être étouffant, car on a très peu de personnes (une femme) à l'écran, excepté Cavalier, qu'on voit se filmer devant un miroir ou un lavabo, provoquant une distorsion de son image. On peut également assister à une confession finale de cet homme vieillissant, presque désolé d'avoir vécu alors qu'il refusait d'accompagner Irène se balader en voiture...
Il est troublant de voir que plusieurs grands films peuvent être issus des choses les plus personnelles des cinéastes. Peut-être que ce film n'est pas recommandé à tous, de par son côté aride, sec, atonal, mais la modestie du procédé, l'émotion palpable de Cavalier a de quoi faire vibrer au sein de chacun d'entre nous.