Dans « Irène », Alain Cavalier construit son film en se posant des questions de cinéma. Comment faire le portrait d'une personne qui n'existe plus que dans notre souvenir? Comment représenter Irène, lui donner corps? Bref, comment évoquer au cinéma la mort d'un être cher. Il nous fait voir Irène à travers les images du monde: un caillou, une chambre, des oiseaux... Il essaie de la retrouver dans la lecture de ses carnets, recherchant le souvenir des sensations d'alors. Carnets, qu'il tentera de brûler par la suite. Il retourne dans des lieux fréquentés par eux deux jadis, laissant resurgir calmement le passé. Cette démarche extrêmement émouvante l'amène à revenir à ce jour terrible: jour où il ne put retenir Irène, qui trop impatiente pour l'attendre, partit seule en voiture, pour ne plus revenir. Toutes ces images enveloppées par les paroles et la voix d'Alain Cavalier acquièrent une telle force d'évocation, un tel potentiel poétique qu'Irène semble en sortir à chaque seconde. Cette réminiscence prend tant de sens pour nous, que l'impression d'avoir connu cette femme nous enveloppe. Alors on s'attache, comme Alain Cavalier, aux souvenirs d'elle.
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