Iron Man 3 par browncoat84
Après le succès public et critique de sa Phase I de films de superhéros, on se demandait quelle serait la direction choisie par Marvel pour sa Phase II. Le studio allait-il se reposer sur ses lauriers et reprendre inlassablement les recettes qui ont fait son succès ? Si Iron Man 3 est représentatif des films à venir alors la Phase II sera placée sous le signe de l'audace et du risque. Iron Man 3 replace Tony Stark au centre de l'histoire dans une aventure plus personnelle et pose la question : est-ce l'homme qui fait l'armure ou l'armure qui fait l'homme ?
Tony Stark ne trouve plus le sommeil. La bataille de New York, les choses qu'il y a vues et son expérience de la mort l'ont marqué plus qu'il ne voudrait l'admettre. Tony tente de gérer le stress et l'angoisse en bricolant ses armures dans son atelier. Ce sont elles qui ont fait de lui Iron Man. Elles sont pour lui comme un cocon qui le protège du monde extérieur. Mais son comportement a des effets sur son entourage et en particulier sur Pepper, qui le trouve de plus en plus difficile à vivre. Quand il provoque publiquement un terroriste nommé Le Mandarin, son univers personnel est détruit. Seul et sans armure, Tony Stark va devoir remonter la piste des coupables en comptant seulement sur son courage et son ingéniosité.
Après deux films dirigés par Jon Favreau, ce troisième opus est coécrit (avec Drew Pearce) et réalisé par l'ancien petit génie d'Hollywood : Shane Black. Le Roi du buddy-movie avait disparu de la circulation à la fin des années 90 avant de faire son retour en 2005 avec le brillant Kiss Kiss Bang Bang. Non content de relancer la carrière du scénariste, le film relança aussi celle de l'acteur Robert Downey Jr, qui sortait d'une longue traversée du désert due à ses problèmes avec la justice. Le choix de Black par Marvel a suscité beaucoup d'enthousiasme mais aussi une certaine réserve: celle de le voir se fondre dans le moule Marvel en livrant une version un peu fade de son style afin de toucher un public le plus large possible. Ces craintes n'étaient pas fondées. Iron Man 3 est avant tout un pur film de Shane Black.
Le film porte sa patte de bout en bout : l'histoire est située pendant les fêtes de fin d'année, l'ouverture du film sous la forme d'un flashback narré par le personnage principal renvoie à Kiss Kiss Bang Bang, l'attaque de la maison de Stark par des hélicoptères fait penser à l'Arme Fatale... S'il y a bien une chose que Black gère à la perfection, ce sont les duos comiques et Iron Man 3 en regorge. Stark passe de partenaire en partenaire (JARVIS, Rodney, le gamin du Tennessee) et les duos s’enchaînent. L'humour est omniprésent parfois jusqu'à l'excès. En particulier dans le dernier acte et la confrontation avec le méchant où une scène humoristique un peu mal placée désamorce la tension alors qu'on était en pleine montée d'intensité dramatique.
Même si ce sont les qualités d'écriture de Black qui sont les plus mises en avant, la réalisation n'est pas en reste. Les scènes d'action sont limpides et ça fait un bien fou ! On regrettera cependant une 3D absolument inutile, qui gène même le visionnage (en particulier du dernier acte) en assombrissant l'image.
Si Kiss Kiss Bang Bang a ressuscité la carrière de Robert Downey Jr, Iron Man a fait de lui une superstar. L'acteur s'est souvent identifié à son personnage et à son parcours sur le chemin de la rédemption. Dans Iron Man 3, on remarque la maturité de Tony Stark et son évolution depuis le premier opus lorsqu'il propose spontanément son aide à Rodney pour capturer Le Mandarin. Mais depuis New York, Tony souffre de crises d'angoisse. Il est dépendant de ses armures et pense qu'il n'est rien sans. Au cours du film, il devra apprendre à se débrouiller au maximum sans elles en utilisant ses réels superpouvoirs : son intelligence et sa capacité d'improvisation. La scène d'infiltration dans le QG du Mandarin où Tony est équipé d'armes fabriquées à partir d'objets achetés dans une quincaillerie est brillante. Celle où il doit échapper à ses geôliers avec seulement un gant et une botte de son armure l'est tout autant.
Mais le film n'est pas exempt de défauts. On pourra regretter que l'idée directrice du film n'ait pas été poussée à son maximum lorsque Tony appelle toutes ses armures à la rescousse dans le dernier acte. Sûrement un choix commercial de la part de Marvel (avec les insupportables placements publicitaires tout au long du film). Après tout, tous ces produits dérivés ne vont pas se vendre tous seuls. Certains personnages sont aussi totalement sous exploités (pauvre Rebecca Hall) et les motivations du méchant restent au final assez floues. L'utilisation du Mandarin dans le film risque, quant à elle, de faire rager quelques fans.
Alors que les négociations font rage entre Robert Downey Jr et Marvel en vue d'une prolongation de contrat (ce dernier se terminant avec Iron Man 3), la conclusion du film place Tony Stark dans une position inédite et peut s'interpréter comme la fin d'un chapitre voire de la franchise. Mais à la manière d'un James Bond - une franchise qui a su remplacer son acteur fétiche -, Iron Man 3 se termine sur les mots « Tony Stark reviendra » (au moins pour The Avengers 2).