Grand retour dans le film de Kung-fu classique pour Yuen Woo-Ping après son détour fluctuant par le polar et le film d'arts martiaux plus urbain.
Plus classique que son précédent film, le très sympathique Tai-Chi Master, ce Iron Monkey semble plus classique dans son genre et ses références, mais reste d'une maîtrise absolument remarquable.
Que ce soit clair d'emblée, Iron Monkey est sans doute un des films les plus virtuoses et impressionnants réalisés par Woo-Ping. Sans contexte.
Niveau action, les chorégraphies sont folles, rien d'étonnant.
Elles ont un petit côté Il Était Une Fois en Chine d'ailleurs, avec ses poutres qui volent, ses sacs d'épice qu'on arrache d'un coup de pied...
Comme a son habitude, le réalisateur utilise énormément le décor ainsi que des accessoires dans ses chorégraphies martiales. Des bancs, des tables, des baguettes, un parapluie (évidemment)... Le tout avec une grande élégance et surtout un rythme ultra vif, les combats allant à 2000 à l'heure sans JAMAIS être brouillons et bordéliques. Un exploit !
Du classique pour Woo-Ping mais en plus excessif, plus fantaisiste.
Ici les murs explosent, les paumes transmettent du poison et les coups de poing sont des boulets de canon.
Une vision des arts martiaux plus fantastique qui a envahi bon nombre de films du genre dans les années 90.
Mais ici avec Mr Yuen, c'est un savoureux mélange entre classisme sage et excès de fantaisie légère. Ne serait ce qu'avec son protagoniste, sorte de Robin des Bois masqué aux allures de super-héros. Un héros moderne et classique, dans une époque tout aussi anachronique (Chine oblige).
Un petit mélange parfaitement homogène et efficace.
Idem pour le ton, très riche en humour et en bonne humeur. Une ambiance plus légère et moins rigide qu'un Il Était une Fois en Chine, mais qui n'empêche pas quelques passages mélancoliques à base de questionnement sur l'avenir de la Chine, mais aussi sur le bien et le mal et d’autres dualités philosophiques.
Le contexte était donc tout trouvé : la fin de la dynastie Qing, époque trouble et incertaine du pays par excellence.
L'utilisation du personnage de Wong Fei-Hung tient plus du clin d'œil que d'une réelle adaptation ou réécriture de l'histoire.
En réalité, je prends le film comme un énorme kiff de la part de son réalisateur. Qui a décidé de mixer tous les éléments de son cinéma pour offrir un spectacle ultra riche mais absolument pas ambitieux en apparence.
Un petit film fait pour lui avant tout et pour ceux qui aiment son cinéma.
On retrouve évidemment Donnie Yen, dans un rôle de père sévère mais au grand cœur, une vraie bonne performance, martiale évidemment, mais aussi d'acting. Le petit protégé du monsieur a bien grandi !
Son équivalent du Sud est également magnifiquement bien interprété par Rongguang Yu qui a eu trop peu de grand rôle. Et qui nous offre ici un second protagoniste faisant office de double au personnage de Wong Kei-Ying (même métier, même niveau en kung-fu et même prestance) mais avec une vision du monde et des arts martiaux différentes. L'un vit dans l'ombre, l'autre se le refuse. Une dualité intéressante et intelligemment développée, tout en subtilité.
Un humour de Kung-fu Comedy de la grande époque aussi.
Quelques petits hommages sympathiques à sa carrière et à celles de ses contemporains…
Quelques têtes qu’on connaît bien, dont les Yuen évidemment.
Un retour à la dynastie Qing, donc des décors de la grande époque.
Etc etc...
Un best of à la Yuen Woo-Ping donc !
Et moi, j'adore. C'est un cadeau qu'il nous fait, et je prends !
Outre ce ton plus léger et ses expérimentations dans les combats, le film possède également quelques chouettes idées de scénario.
L'histoire d'un couple qui se trouve un enfant de substitution.
Le père de l'enfant qui affronte symboliquement le père adoptif, dans un combat de bouffe puis plus tard inconsciemment à coup de boxe de Shaolin.. (le retour de la boxe Hung dans le film n'est évidemment pas anodin)
Les combats fratricides entre les traitres opportunistes et les véritables combatants valeureux...
Un petit méchant secondaire pas vraiment méchant, à l'évolution bien pensée, qu'on finit par aimer malgré sa faiblesse et sa lâcheté évidente..
Etc etc...
On regrettera quand même des seconds couteaux assez effacés et vite relayés au plan de victimes totales.
Également des décors plus resserrés, la caméra restant à hauteur d'homme. Ce qui n'est pas réellement gênant pour un film au côté si intimiste finalement.
Loin d'être un film lisse malgré sa légèreté et ses touches d'humour, le film est bien plus qu’un simple divertissement. On sent une prise de maturité du réalisateur pour maîtriser son récit, son intrigue et ce qu'il souhaite raconter à travers ses personnages.
Tout en offrant un constat nostalgique mais rempli d'espoir sur son propre cinéma.
J'aime sa simplicité, son envie de bien faire et d'offrir un spectacle riche, prenant et ultra attachant.
En réalité, j'aurai aimé que le film ne s'arrête jamais....