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Les films d’art martiaux, c’est ce que les amerloques appellent un “acquired taste”. Il faut en bouffer pour peu à peu les apprécier à leur juste valeur, pour détecter leurs subtilités. Je commence à arriver à un stade de maturation de la mandale sino-hongkongaise où je commence à vraiment prendre mon pied (dans les dents). Je capte les références, j’ai des éléments de comparaison, et je n’ai plus ce rebut initial du bruitage exubérant des tatanes et virevoltes, cette déception de voir des personnages unidimensionnels.
C’est donc dans cet état d’esprit gourmand que je me suis procuré Iron Monkey, récit d’un Robin des bois oriental croisant la route de Wong Key-ying, artiste martial ayant existé et père du célèbre héros du folklore chinois Wong Fei-hung : le protagonistes des films Il était une fois en Chine de Tsui Hark (ici producteur), ou des Drunken Master du même Yuen Woo-ping (officiant à la réal depuis les années 70, et étant chorégraphes de quelques œuvres obscures telles que les Matrix, Kill Bill, et autres Tigre et Dragon). On en retrouvera même le thème musical, déjà exploité dans tous les autres films traitant du personnage, lorsqu’il arrive à l’écran sous les traits d’un jeunot de dix ans en plein apprentissage (et incarnée par une jeune actrice de 14 ans rasée pour l’occasion). En termes d’iconisation ça se place là, allant presque éclipser la présence de Donnie Yen.
Un beau tableau pour un film extrêmement généreux, et qui contrairement à la trilogie de Tsui Hark, ne perdra pas de temps en bavardages peu passionnants, pour se concentrer sur une castagne follement inventive. Les intentions sont livrées dès la scène d’ouverture : les combats seront aériens et fantastiques, les enjeux manichéens, les mandarins cupides, et les cantonnais pétris d’honneur et de loyauté. Mais on est là pour en prendre plein les mirettes, pas pour une étude de personnages, et avec cette optique, on sera plus que servi.
La conjugaison des talents, tant devant que derrière la caméra, permet un ballet hallucinant, et des renouvellements de situations permanents. Une heure et demie qui condensent un foisonnement d’idées jouissives, faisant fi de toute crainte d’un ridicule grandiloquent. Tsui Hark s’est occupé de toute la partie post-prod, jouant avec les frames pour dynamiser les kicks, accélérant ci et là l’action pour rendre les coups plus impactant… Un véritable laboratoire de la baston qui fait plaisir à voir.
Bonus:
Quatre interviews sont présentes sur la galette : Tsui Hark (20 minutes), Donnie Yen (20 minutes), Angie Tsang Sze-Man (la jeune interprète de Wong Fei-hung - 20 minutes), et Quentin Tarantino (8 minutes). Chacun aborde un sujet différent, le producteur retraçant sa carrière en relation avec Fei-hung, Yen abordant les différents styles de kung-fu qui ponctuent le film, QT mettant en relief la place du cinéma Hongkongais dans la culture américaine pré-Tigre et Dragon, et Angie apportant les anecdotes de tournage. Quatre documents complémentaires et passionnants.