We come in peace, et si vous aimez pas on s'en fout.
Iron Sky c'était la grosse attente du moment, car son pitch était quelque chose de si fou qu'il ne pouvait que faire mourir d'impatience tout amateur de ce genre d'excentricités improbables.
Dès le début le film nous impressionne, nous balançant une séquence d'exploration lunaire qui annonce tout de suite la couleur, c'est beau, encore plus beau que les vagues extraits balancés sur la toile ne nous l'avaient fait croire. Cependant si l'affiche nous montre clairement une invasion avec un ciel rempli de vaisseaux nazis, le film n'est pas vraiment ce à quoi on aurait pu s'attendre. On n'a pas l'action démesurée sur laquelle on comptait pas mal, en fait nous sommes davantage devant une comédie légèrement futuriste (ça se passe en 2018), les nazis sont accessoires et sont surtout là pour faire que la farce prenne, mettre en avant à quel point les dirigeants américains sont prêts à collaborer avec n'importe qui pour obtenir le pouvoir, tout comme ceux des autres pays (renvoyant évidemment aux acoquinages durant la seconde guerre mondiale, ainsi que plus récemment). C'est ça Iron Sky, un pamphlet cynique qui tape violemment dans le bide, avec un humour qui fait mouche, alternant entre pince-sans-rire et plus « généraliste », tout en gardant bien à l'esprit que nous sommes quand même venu voir un film d'action/scifi, ce que n'oubliera pas la production, nous livrant une bataille finale qui cloue réellement le cul. Elle cloue le cul pour deux raisons, la première c'est qu'elle parce qu'elle est efficace, dynamique, menée tambour bâtant, puis la seconde c'est que pour un budget de 7 millions de dollars une bande petits Européens ont fait quelque chose qui visuellement aurait exigé 250 millions de dollars si Michael Bay avait voulu le faire. Et puis quitte à faire dans la rigolade cette dernière partie s'inspire très largement de Star Trek, histoire de titiller l'âme des Trekkies/Trekkers.
Iron Sky est donc l'exemple parfait de la possibilité de faire un bon film pas cher et qui en fout visuellement plein la gueule.
Son seul réel « problème » c'est qu'il travaille un peu trop de la caboche et du coup l'empêche d'être un vrai blockbuster contemporain. Dans un bon blockbuster on tue les aliens avec un virus informatique, ou alors on zigouille le méchant en l'attachant à une roquette d'avion de chasse, on ne réfléchit pas et on n'essaie surtout pas de rendre son spectateur plus intelligent, puisque c'est le mot d'ordre du cinéma friqué contemporain. En l'état Iron Sky est un blockbuster qui semble tout droit venu des années 60, du cerveau de Jerome Bixby ou Rod Serling, avec ses critiques sévères envers l'état, la guerre, l'intolérance, et allant même jusqu'à plonger vers un nihilisme servi par un final inattendu mais pourtant prévisible...
Un film qui essaie donc de faire coïncider deux types de cinéma dans un seul mais qui, malgré tout le respect que cela inspire, se montre un peu trop bavard, le rendant instable dans sa rythmique, le spectateur comprenant très vite que l'action du film ne se situera qu'à la fin, ce qui est le cas.
Quoiqu'il en soit voilà ses seuls défauts. Certains tenteront de pinailler sur l'acting, mais rassurez-vous, nous sommes loin d'un film de seconde zone, les vrais talents (Udo Kier, Christopher Kirby, Julia Dietze...) étant au top, et les moins expérimentés (Stephanie Paul, la présidente des States) servant un cabotinage collant parfaitement à leur personnage.
Au final un film qui ne plaira peut-être pas à monsieur tout le monde, mais qui aura le mérite de contenter les fans, puisque c'est financé par des fans et réalisé par des fans, pour des fans; en gros « We come in peace, et si vous aimez pas on s'en fout ».
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