L'amour du métier.

On aurait pu avoir peur au vu de l’affiche et du sujet et que ce long-métrage tombe dans le piège de la comédie populaire mais dans le mauvais sens du terme : c’est-à-dire lourde et facile. Mais le Grand Prix reçu au Festival de l’Alpe d’Huez était plutôt de bon augure quand on voit la plupart des précédents récipiendaires de ce prix. Et si cet « Irréductible » n’est pas la comédie du siècle (ni de l’année) elle s’avère hautement sympathique et plutôt réussie dans les grandes largeurs. On est loin de tous les navets calibrés pour passer en prime-time sur TF1 ou M6 qui sortent à la pelle depuis la réouverture des salles et semble prendre le public pour des idiots en nous rabâchant encore et toujours la même formule assortie de gags paresseux et de castings similaires. Elles se cassent d’ailleurs les dents au box-office pour la plupart et tant mieux, cela fera peut-être réfléchir les producteurs et donnera envie aux scénaristes d’innover, d’oser et de refondre ce schéma usé jusqu’à la corde.

Donc non, « Irréductible » n’est pas à ranger dans cette catégorie et se trouve être une comédie populaire dans le bon sens du terme. Durant la première demi-heure on a pourtant un peu peur : les gags sont faciles, l’humour n’est pas vraiment emballant et on se dit que tout cela va vite tourner en rond et nous agacer. Mais une fois que le personnage principal se retrouve au Groënland et lâche sa critique plutôt facile et poussive du fonctionnariat, on part sur un autre film qui semble plus être une chronique sur les différences culturelles, moins poussé sur l’humour mais doté d’une acuité d’observation et d’un sens du romantisme discret qui fait beaucoup sourire. En délaissant l’humour à tout prix pour un peu de tendresse et une analyse sociétale de la France et de ses travers, Commandeur excelle et nous cueille.

On aurait peut-être aimé parfois un humour plus impertinent et vachard mais ce que « Irréductible » perd en férocité et franche rigolade, il le gagne donc dans sa vision de notre pays et dans le petit tour d’horizon qu’il nous propose des infinies possibilités de métiers de fonctionnaire ainsi que grâce aux pays qu’il nous fait visiter. C’est plutôt dépaysant. La mise en scène de l’acteur est plus que correcte et on a surtout droit à un défilé de seconds rôles succulents. De Christian Clavier dans un contre-emploi de syndicaliste extrême à Valérie Lemercier en fonctionnaire loufoque en passant par le passage de Gérard Depardieu nous parlant de son amour pour la France ou Gérard Darmon en ministre dragueur, ils sont contents d’être là et nous tout autant de les voir s’amuser. De plus, le film est bref et ne nous laisse pas tourner en rond. Une comédie fraîche et assez agréable qui se révèle petit à petit et pas comme on l’attendait.

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