Se lancer dans un film de Gaspar Noé, c'est toujours accompagné d'un sentiment d'envie mêlée d'appréhension, car on sait que le film ira trop loin, ou en tout cas plus loin que les standards du cinéma. D'autant plus que je savais quelles scènes avaient fait polémique à Cannes en 2002. Irréversible est un film violent, brutal, aux effets de style et à la mise en scène parfaitement maîtrisés. Le film est construit de façon à provoquer une souffrance de tous les instants, d'abord par une violence physique crue accompagnée d'effets épileptiques, puis par une autre violence encore plus crue qui fait regretter les effets épileptiques, puis par un dernier tiers heureux, qui rappelle en permanence au spectateur le drame qui n'est pas encore survenu mais qu'il a déjà vu, avant d'assener un coup final par un épilogue façon "What if". Irréversible est un film pour masochistes, rappelant en permanence un bonheur disparu ou voué à disparaître. Une bonne dose de nihilisme, en somme.