Irréversible : Ma plus mauvaise expérience cinématographique sur grand écran

Je décide de revenir sur ma critique écrite en 2010 pour vous faire part de mon expérience réelle sur ce film jusqu’à aujourd’hui.


Pour ceux qui veulent un avis plus court sur Irréversible : je vous invite à vous rendre en fin de critique.


Revenons-en au moment de sa sortie en salles : En 2002, tout le monde n'avait pas Internet sur son mobile donc les retours sur les films n’étaient pas aussi nombreux qu'aujourd’hui.
Ainsi, on se prenait le film de manière plus frontale à l’époque.
Pas de préparation préalable au produit fini. Noé n’avait pas encore réellement percé auprès du public. La violence de ses films faisait que peu de personnes le connaissait à ce moment-là. Il était difficile d'y avoir accès autrement que dans les vidéo-clubs. Ma bande de potes dont une fille (Précision importante pour ce qui va suivre) m’a proposé de le voir en se basant essentiellement sur la réaction extrême du public au festival de Cannes. J’y suis allé pour découvrir ce film scandaleux et la présence de Monica Bellucci (J’avais 21 ans, à l’époque…) pensant visionner un vigilante movie.


En entrant pour la séance de 22 heures, je ne savais pas encore que le spectacle allait commencer sur l’écran et dans la salle. On s’est mis au milieu en ayant une certaine appréhension de ce qu’on allait voir.


Dès les premières images, le malaise saisit le spectateur lorsqu’on découvre le personnage joué par Philippe Nahon dans Seul contre tous, avec un mouvement de caméra inhabituelle. Seuls les initiés pouvaient comprendre dans quoi ils s’engageaient à l'époque. Moi, je découvrais pour la première fois son cinéma dans les meilleures conditions qui soient. On suit le héros joué par Vincent Cassel dans un monde glauque, accentué par les filtres de couleurs choisis pour maintenir ce mal-être constant chez le spectateur jusqu'à la fin.


Comme tout a été dit sur ce film, je vais revenir sur les 3 scènes clés de ce dernier selon moi. Contrairement à la plupart des personnes qui restent focalisées sur la Scène pour définir et décrire la puissance d’Irréversible.



  • La scène de l’extincteur : Le premier vrai choc !


Je l’avais trouvé très bien réalisée, en n’épargnant aucun détail pour le spectateur. Elle suscita une indignation quasi générale dans la salle. J’entendais les gens réagir et parler « Ah ! mais c’est horrible… ». Il est clair que ceux qui ne sont pas habitués aux films d’horreur ou gore vont détester le film à cet instant là.


Première provocation réussie pour Noé : Public 0 - Réalisateur 1



  • La Scène : Deuxième choc et Scission de la perception du film par le public.


Sa durée de 9 minutes est insoutenable et pas seulement pour cet acte ignoble et condamnable. De mon côté, j’ai détourné le regard quand on aperçoit un passant en arrière plan s’arrêtant pour voir ce que le spectateur voit en premier plan, avant de repartir en marchant. A ce moment, je n’ai pas supporté cette banalisation de la non-réaction des gens devant ce genre de choses. (15 ans plus tard, ce phénomène est malheureusement trop présent dans notre société.)


Cela m’a permis de regarder les réactions dans la salle. Et là, je m’aperçois que personne ne parle comme s’ils étaient tétanisés par ce qu’ils voyaient. Mon regard se pose ensuite sur un homme plus âgé, cheveux blancs sur le côté, situé deux rangs plus bas sur ma gauche. Deuxième choc, je vois ses yeux qui éprouvent du plaisir devant cette chose. Ils luisaient littéralement. En tant qu’homme, je me sentais sale et ne supportais plus cet état de voyeur dans lequel Noé place le spectateur. Puis, un des gars de ma rangée se massait les cuisses pendant la scène. C’était trop pour moi. Je décidais de passer de spectateur passif, acceptant d’une certaine façon ce qui se passe à l’écran à celui d’actif, en sortant de la salle, montrant mon dégoût et mon rejet devant cette scène. J’ai attendu qu'elle soit terminée, en attendant dans le petit couloir menant à la salle parce que je voulais comprendre le but de la démarche de Noé. Une fois les cris terminés, je suis revenu pour connaître la fin d’un tel film.


Public : 0 - Réalisateur 2



  • Troisième choc : La révélation finale.


Noé finit de clouer le spectateur sur place en lui apprenant que le personnage féminin qui a subit l’un des pires outrages (référence au film de De Palma oblige) était enceinte.


Cela a décuplé ma colère sur ce que je venais de voir et mon rejet devant un tel film. Cela m’avait, en même temps, anéanti parce que la morale choisie par le réalisateur était superficielle par rapport à ce que j’avais vécu pendant 97 minutes. En effet, mon souvenir de cette séance est encore très présent plus de 15 ans après.


Réalisateur gagnant par KO !!


En sortant de la salle, les avis étaient partagés. J’avais détesté comme une bonne partie du public. Un gars de ma bande m’a dit : Je pense que je vais regarder toute la filmographie de ce réalisateur. C’était trop bien !


Voilà, le genre de réaction que génère un tel film provocateur. Il y aura toujours du pour et du contre.


Quelques temps après le visionnage, une personne m’a déçu en affirmant qu’il avait apprécié après l’avoir téléchargé. Je lui pose la question sur son ressenti sur la Scène. Il me répond aussi simplement :



j'ai effectué une avance rapide parce que c’était glauque.



Cela prouve que l’impact du film est différent, si on l’a vu chez soi, peinard, en sachant à quoi s’attendre. L’appréciation est biaisée parce que toutes les conditions souhaitées par le réalisateur ne sont pas réunies pour obtenir l’effet réellement désiré : Savoir ce que le spectateur peut encaisser sans broncher en le provoquant avec des scènes clés, sans être dans un environnement connu et réconfortant.


Ainsi, l’immersion dans une salle de cinéma a quelque chose d’unique pour le meilleur et le pire (surtout ici) !


La refonte de ma critique est une réponse à la vidéo sur Irréversible proposée par La Ligue des Cinéphiles et la découverte de cet article sur FILMDECULTE. Mais aussi à la personne qui m'a posé la question vendredi dernier : Quel sont les films où tu as quitté la salle pendant la séance ? Ce fut le premier souvenir qu'il me revint en mémoire.


Au regard de cela, je ne suis pas d’accord avec la morale du film : le temps détruit tout.


L'intensité de mon rejet au moment de sa sortie en salle a été, sans doute, amplifiée par l'atmosphère particulière dans la salle et le comportement de certains spectateurs. Cependant, il reste une référence de ce que je n'aime pas dans le 7ème Art.


Critique initiale écrite en 2010 :


Noé propose une expérience glauque dans lequel le spectateur joue le rôle de voyeur/témoin de scènes dérangeantes et perverses.


La mise en scène n'arrange rien car la caméra fait des mouvements de métronome durant tout le film, ce qui peut donner la gerbe ou des nausées très facilement.


Le narration à rebours ressemble à s'y méprendre à Mémento de Christopher Nolan, sorti le 7/09/2000.


Beaucoup de gens ont crié au génie de la réalisation de Gaspar Noé par ces effets de styles, qui n'étaient pas aussi novateurs que ça à l'époque.


Irréversible est difficile à voir, sans détourner les yeux ou faire une avance rapide, tant c'est une épreuve (voire une torture pour certains), que de tenir certaines scènes ou d'aller jusqu'au bout pour les plus vaillants.


Je précise que c'est le pire film du couple Cassel-Bellucci que j'ai pu voir au cinéma.

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le 24 nov. 2010

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Hawk

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