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Le film préféré du violeur du quotidien.

Ce film longtemps après l'avoir vu je l'ai ignoré, l'effet de choc passé, je ne voyais pas l'intérêt d'y revenir, de le revoir mais.. je reste toujours assez sans voix quand à ce qu'il ouvre en terme d'abysse.

Si à l'époque on en parlait comme d'un truc monstrueux c'est simplement par le dégoût de montrer un viol, chose qui évidemment énerve certains, le côté assez spectaculaire fait du mal de façon évidente (et dans le même temps produit un contenu masturbatoire quand on y pense). L'opposé c'est souvent un défenseur de l'idée que tout est représentable dans le 7éme art, que l'art permet Sade, Bataille, qu'au fond c'est un film comme un autre, un drame (je ne peux nier) et puis les images sont jolie, mais encore ?


Si l'on réfléchis à ce qu'est Irréversible, ce serait comme un film qui aurait le courage de montrer un viol (et donc d'en parler), mais si il est belle est bien question d'un viol, la question c'est de quoi on parle véritablement ?

La scène de viol c'est le cas d'un agresseur random dans la rue, semblant parfaitement inconnu auprès de la victime, il est associé à l'homosexualité et dans l'ensemble de la mise en scène on le voit simplement comme un détraqué. Et c'est très justement en cela que l'imaginaire d'Irreverssible dans son ensemble n'ébranle... rien du tout.

Si on prend le phénomène visible en lui même dans le film, il n'a rien de relevant, il s'agit d'un type d'abus qui represente 4% des viols, l'optique où quelqu'un se fait agresser par un inconnu, de plus dans la rue. Il n'est pas question de parler des VSS dans un cadre familial, professionel ou tout autre entourage proche (ce qui pour le coup serait véritablement pertinent et significatif).

Ce que j'ai peut entendre quand à ce qui est représenter et ce que cela nous apprend c'est des phrases du même ordre que "la jupe était trop courte", j'ai véritablement entendu quelqu'un retenir ça du film qu'au fond la meuf était trop mal habillé (ce qui est totalement une responsabilisation de la victime).

Le coupable c'est vraisemblablement ce qu'on aimerait imaginer d'un détraqué sexuelle, on le retrouve dans un club gay, y a des travesti/trans par ci par là.

Le film se résous dès le départ de la façon la plus expéditrice (la mise à mort).

Mais au fond, même si on a envie de se dire que le film se fini très mal puisqu'elle attendait un enfant puis elle est basiquement morte, d'un point de vu purement patriarcal cela peut être vu parfaitement comme un happy end, pas spécialement parce que le violeur est mort mais simplement car on a sur écran des images qui montre en brut ce que c'est un viol... Ou non, devrais je dire : un "vrai viol".

Ne réalise-t-on pas la conséquence logique ? le mec lambda est rassuré au fond de lui puisqu'il a eu un viol véritable sous les yeux, si lui a commis un viol, alors il peut se rassurer car il a vu pire sous les yeux. Que "comme par hasard" le violeur c'était un dépravé qui traine dans des bars gay et qui se tappe des travestis, rien à voir avec lui qui est un père de famille respectable, un mec tout ce qu'il y a de plus normal, un mec qui aurait au combien du respect pour la gente féminine.

En cela il n'y a pas même besoin d'aller imaginer des mecs qui vont aller plus loin en se disant que "sa jupe était trop courte" ou qui vont voir dans Irreversible un contenu pornographique comme un autre, puisque l'objet en lui même est la catharsis idéal.

En cela suffit de se dire que si une personne parle d’attouchement comme d'une VSS, le mec lambda pourra facilement se dire qu'elle fait la difficile puisqu'il y a pire, voir si un film banalise clairement le viol et qu'on ose le critiquer, il suffit de lui dire (chose qu'on m'a déjà dit) "nan mais toi faut pas te mettre devant Irreversible", manière la plus aisé de dire "fait pas la chochotte".

Après ... je pense que le truc le plus puant qu'il m'est arrivé d'entendre c'est quand on parle du contenu de Irreversible comme du "gore", simplement pour dire que dans certain film de genre classique le gore ne fait aucun effet alors que dans Irreversible y a un type de gore véritablement...bref.

Dans la culture populaire c'est même un film dont la BO a été repris par Kickback en concert mais simplement dans une optique de banalisation de la violence dans ce qu'elle aurait de jouissif.

Là où Gaspar Noe échou lamentablement à vouloir être à la auteur de ses influences c'est qu'il n'en comprend pas le fond. C'est connu que Irreversible a pour référentiel Salo de Pasolini (dont il ne tire que la violence et que son désir n'a été que de faire "pire que Salo"), mais si on pense à des influences qu'il a pour Seul contre tous comme Dupont Lajoie de Yves Boisset, alors on voit bien la différence notable entre les deux films. Là où Dupont Lajoie montre un agresseur connu de la victime, qui n'est même pas puni puis que finalement on préfère désigner les étranger comme étant les responsables du viol et du meurtre, une base de réflexion en soi puisque ça présente une justice à deux vitesse, les biais raciste ainsi que le fond des violences patriarcal et de comment elles ont besoin des inégalités structurel pour se préserver... chez Gaspar Noe on a simplement l'imaginaire patriarcal par excellence, celui dont le violeur du quotidien a besoin pour se rassurer.

ShinyLysandre
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le 1 déc. 2024

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ShinyLysandre

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