Quand je suis sorti de la salle de projection, je me suis posé une question : "Mais qu'est ce que je viens de regarder?".
It Comes At Night. Qu'est ce que veut bien dire ce titre? En réalité, It Comes At Night n'évoque pas une sorte de monstre nocturne ou créature typique des films d'horreurs. It Comes At Night est en fait une métaphore de la peur et de la mort. Car oui, It Comes At Night n'est pas un film de zombies, ni un film de monstres comme le Grand Public le perçoit. It Comes At Night est un thriller sur le mal, le mal absolu qui nous ronge tous. C'est un film sur un mal naturel et inextinguible. C'est un film sur un mal qui nous détruit tous à petits feux.

Trey Edward Shults, réalisateur du très bon Krisha, met en place, dès les premières minutes, une ambiance pesante, absente d'espoir. Par le biais de la réalisation disposant de formats d'une riche inventivité, Shults joue avec nos attentes et nous manipule littéralement. Point de gore, Point de "jump-scares". Juste une tension, une image, une respiration, un regard et le tour est joué. Le long métrage survole énormément de thématiques : relation familiale (père-fils / mère-fils/ couple) | passage à l'âge adulte | deuil.


 La peur est le sujet du film. Que ce soit la peur d'un coin de la pièce, la peur de ce qui se cache derrière les arbres, la peur de l'avenir, la peur de l'autre. It Comes At Night est un film fascinant car il revient à la base de l'essence du Thriller/Horreur : L'Imagination. J'avais retrouvé cette peur dans le bébé de Lynch (Mulholland Drive). Vous savez, c'est cette peur de l'inconnu, comme quand vous étiez enfant. Cette peur d'un recoin, cette peur du noir. Ce film pourrait devenir presque une obsession tant il y a de questions sans réponses. Shults nous suggère des pistes. De plus, les indices sous souvent implicites ce qui nous force à regarder au delà de ce que l'on voit. It Comes At Night est un nouveau genre, une nouvelle façon de voir le cinéma. On montre ce qu'il faut montrer du point de vue des personnages, puis c'est aux spectateurs d'imaginer, d'interpréter le film que ce soit au niveau du climax, du comportement des personnages, de l'univers, du postulat, du passé, présent, futur.
Shults, par le biais de l'écriture, réussit à créer des personnages d'une profondeur extraordinaire campés par des acteurs habités. Joel Edgerton en tête. Kelvin Harrison Jr, Carmen Ejogo, Christopher Abbott, Riley Keough sont impériaux et rendent ce long métrage encore plus intense.

La réalisation du film est hypnotique. Shults effectue de nombreux plan-séquences, la caméra est la seule chose de vraiment surnaturel.
Il y a un fantastique travaille sur l'éclairage, et surtout, l'atmosphère. Car oui, It Comes At Night est un film à ambiance anxiogène.


 Maintenant, il y a une autre question que je me pose : "Pourquoi ce film divise t-il autant les spectateurs? "

Le Marketing a littéralement plombé le film de Trey Edward Shults. On nous vendait un espèce de film de genre dans un univers type "The Walking Dead" avec comme phrase d'accroche sur l'affiche : "Un chef d'œuvre de l'horreur".


 Malheureusement, une partie du public ne s'attendait pas à un chef d'œuvre partant dans la direction qu'a pris le réalisateur ce qui, bien évidemment, a littéralement déçu une grande partie du public. C'est un film sur l'humanité, sur nos failles, notre vision du monde, notre perception de la vie. C'est un film qui nous interroge. "D'où vient le mal? Qui provoque ce mal? Pourquoi ce mal existe? Et Pourquoi il ne s'éteindra jamais?" 

Doté d'une BO envoutante, le film distille son ambiance avec beaucoup de finesse. Rien est de trop. Peut être n'y a t-il pas assez. Serait-ce là le défaut du film? D'être bien trop court?


 It Comes At Night est un film à questions, à réflexion. Plus on prend du recul sur l'œuvre, plus on l'a comprend, plus on comprend ce qu'est réellement la peur, la mort et la vie. 
Trey Edward Shults vient de livrer un grand film, en avance sur son temps. C'est un chef d'œuvre.
Kyle-Valdo
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Mes plus grosses attentes pour 2017 !, Mon Top 10 2017 (provisoire), Les meilleurs films de 2017, Films vu en Salle en 2017 et Du meilleur au pire en 2017

Créée

le 24 juin 2017

Critique lue 21.1K fois

58 j'aime

12 commentaires

Critique lue 21.1K fois

58
12

D'autres avis sur It Comes at Night

It Comes at Night
Sergent_Pepper
7

Les métamorphoses du vide

A la question fondamentale que se poserait un scénariste sur les mécanismes essentiels de la peur, un seul mot suffirait à résumer son boulot : rien. L’ignorance, la méconnaissance, l'innommé, autant...

le 19 sept. 2017

58 j'aime

2

It Comes at Night
Kyle-Valdo
8

SORTIE CINE | "Death Comes at Night"

Quand je suis sorti de la salle de projection, je me suis posé une question : "Mais qu'est ce que je viens de regarder?". It Comes At Night. Qu'est ce que veut bien dire ce titre? En réalité, It...

le 24 juin 2017

58 j'aime

12

It Comes at Night
mymp
8

Précis de décomposition

Comme pour The witch, il y a méprise : It comes at night n’est pas un film d’horreur, pourtant vendu comme tel (déception assurée pour les amateurs de gros frissons et de gore bouillonnant). Comme...

Par

le 26 juin 2017

52 j'aime

7

Du même critique

Godless
Kyle-Valdo
9

Le Retour du Roy

Magistral est le mot qui pourrait peut être le mieux coller à ce petit bijou inattendu. Quelle maîtrise du genre ! Non seulement, c'est admirable car Scott Frank a tout compris de ce qui...

le 30 nov. 2017

37 j'aime

Dunkerque
Kyle-Valdo
10

SORTIE CINE | "Intensément Frissonnant"

Quand je me suis assis sur mon siège dans une salle lambda du cinéma Gaumont Pathé de ma ville, j'ai ressenti une odeur à la fois extrêmement terrifiante et frustrante mais aussi densément...

le 20 juil. 2017

14 j'aime

6

Wildlife : Une saison ardente
Kyle-Valdo
7

L’éloge de la routine

C’est une émotion froide et brute qui – au terme de ces cent-cinq minutes – se manifeste dans un premier temps. Vient ensuite la confusion, fougueuse et disparate, propice à l’effervescence d’un...

le 6 déc. 2018

10 j'aime

2